KETTELER WILHELM EMANUEL baron von (1811-1877)
Appartenant à une famille noble catholique de Westphalie, le jeune Ketteler entre tout d'abord dans la fonction publique prussienne. Comme c'est le cas pour de nombreux futurs dirigeants du catholicisme allemand, sa conversion à l'action militante coïncide avec la crise de Cologne (1837), au cours de laquelle les autorités prussiennes procèdent à l'arrestation de l'archevêque. Il démissionne de la fonction publique et se rend à Munich, important centre de la vie intellectuelle et politique du catholicisme allemand, où il est ordonné prêtre en 1844. Vicaire puis curé de 1844 à 1849, il est élu député au Parlement de Francfort en 1848. Les six grands sermons qu'il prononce à la fin de 1848 marquent le passage de l'action charitable au mouvement « social-chrétien » allemand. Ces thèmes occuperont désormais une grande place dans les débats de l'assemblée annuelle de l'Association des catholiques allemands (Katholikentag). Nommé au siège archiépiscopal de Mayence en 1850, il est l'un des porte-parole écoutés des évêques de l'Allemagne du Sud (province ecclésiastique du Rhin supérieur) lorsqu'ils revendiquent les libertés ecclésiastiques dont l'exercice doit être soustrait au contrôle de l'État : nomination aux fonctions ecclésiastiques, gestion des biens ecclésiastiques, formation des futurs prêtres, liberté des écoles catholiques. Il publie, en 1865, Les Travailleurs et la chrétienté (Die Arbeiter und das Christentum) et fait adopter, en 1869, par l'Assemblée des évêques allemands, qui se tient tous les ans à Fulda, le programme social du catholicisme allemand : hausse des salaires, limitation du temps de travail, introduction et respect des jours de repos, limitation du travail des enfants, des jeunes filles et des mères. Après 1871, il participe par la plume et par la parole au combat des catholiques allemands contre la politique anticléricale menée par Bismarck, le Kulturkampf. Son nom reste attaché aux préoccupations sociales du catholicisme en Allemagne.
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Écrit par
- François IGERSHEIM : agrégé de l'Université, attaché de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
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ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine
- Écrit par Michel EUDE et Alfred GROSSER
- 26 883 mots
- 39 médias
...l'Arbeiterbildungsverein, Association pour la formation des ouvriers), coopératisme de Schulze-Delitzsch, socialisme chrétien de l'évêque de Mayence, Mgr Ketteler. Le plus grand nom de cette période est celui de Ferdinand Lassalle, dont le socialisme national cherche dans l'État une protection contre la...