ROUX WILHELM (1850-1924)
Anatomiste et embryologiste allemand, Wilhelm Roux doit sa célébrité à ses expériences sur des embryons de grenouille, dont il tira d’importantes conclusions théoriques sur les modalités du développement des animaux. Il promut plus généralement la méthode expérimentale en embryologie et tenta d’appliquer le concept darwinien de sélection naturelle aux différentes parties d’un même organisme.
Une carrière marquée par un intérêt pour les approches nouvelles
Né à Iéna le 9 juin 1850, Wilhelm Roux suit des études d’anatomie et de médecine dans plusieurs grandes universités allemandes, notamment celle de sa ville natale où enseignent deux des plus grands biologistes de l’époque, Ernst Haeckel (1834-1919) et Carl Gegenbaur (1826-1903), puis auprès de Rudolf Virchow (1821-1902), à l’université de Berlin. Il soutient à Iéna en 1878 une thèse de médecine sur la ramification des vaisseaux sanguins dans laquelle il aborde des thèmes qu’il développera par la suite et qui concernent les processus de formation des structures anatomiques.
Wilhelm Roux travaille ensuite un an comme assistant à l’institut d’hygiène de l’université de Leipzig (1878-1879), puis obtient un poste à l’institut d’anatomie de l’université de Breslau (aujourd’hui Wrocław), en Silésie, où il passe une décennie, réorientant progressivement ses recherches vers l’étude du développement embryonnaire. Il est nommé professeur d’anatomie à l’université d’Innsbruck en 1889, puis à l’université de Halle en 1895 où il terminera sa carrière en 1921. Il décédera dans cette ville le 15 septembre 1924.
Dès ses premiers travaux, il montre un intérêt particulier pour la recherche des causes responsables de la morphologie des organismes selon des approches modernes : d’une part, l’étude des facteurs mécaniques déterminant la forme vivante ; d’autre part, l’importance de l’adaptation. À cet égard, il est profondément influencé par la notion de sélection naturelle, introduite par Charles Darwin (1809-1882) en 1859, et qu’il voit comme une clé de compréhension, non seulement de l’évolution des différentes espèces, mais aussi du fonctionnement et de la formation de chaque organisme. Dans un ouvrage audacieux paru en 1881, Der Kampf der Theile imOrganismus (« Le combat des parties dans l’organisme »), il conçoit que les différents composants du corps (molécules, cellules, tissus ou organes) entrent en compétition les uns avec les autres pour les ressources nutritives, modelant ainsi l’organisme par leur lutte mutuelle. Cette interprétation très libre du modèle darwinien influence notamment Nietzsche (1844-1900) et trouvera encore des échos dans la biologie actuelle.
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Écrit par
- Stéphane SCHMITT : directeur de recherche au CNRS
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