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BAUMEISTER WILLI (1889-1955)

Né en 1889 à Stuttgart, formé à l'Académie royale de cette ville, Willi Baumeister est mort dans sa ville de naissance, en 1955, devant son chevalet. Ce bref portrait semble évoquer un peintre provincial, confiné dans l'étroitesse d'une vie sédentaire sans apports ni échanges extérieurs. Rien de tel. W. Baumeister a certes de solides racines dans la culture classique allemande mais il fut aussi pleinement un homme de son temps et, chose rare, son œuvre répercute les courants esthétiques non seulement d'avant, mais aussi d'après guerre. L'artiste, membre très dynamique de l'abstraction internationale des années 1930, fut aussi l'un des rares, dans l’Allemagne des années 1940-1950, à avoir su répondre à cette question : comment et que peindre après l'horreur ? Influencé par les fables, par le mystérieux et le primitif, Baumeister a essayé d'élaborer une peinture abstraite jouant avec les formes et les matières, qui formerait un langage universel sensible répondant en partie à cette question.

Une formation entre France et Allemagne

Baumeister est devenu l'un des maîtres de la peinture abstraite allemande après un parcours très personnel. Il entame d'abord une formation pratique avant d'entrer à l'académie de Stuttgart où il se lie avec Oskar Schlemmer et Otto Meyer-Amden. Il est remarqué par le peintre Adolf Hölzel (1853-1934) qui dispense à l'académie un enseignement original et fécond. Auprès de lui, Baumeister se familiarise avec l'observation de la nature, les recherches chromatiques, la pratique de la réflexion théorique et découvre également l'art contemporain. L'impressionnisme influence ses premières œuvres. Sur le conseil de Hölzel, Baumeister se rend à Paris en 1911 pour y étudier au Cercle international des beaux-arts. Le cubisme l'intéresse sans le retenir, Paul Cézanne, en revanche, devient une de ses admirations à vie. Son attirance pour l'art français et ses contacts amicaux avec la France ne cesseront de se renforcer. En 1913, il participe au premier Salon d'automne allemand (Erster deutscher Herbstsalon) à la galerie Der Sturm de Herwarth Walden à Berlin, première manifestation d'importance en Allemagne de la jeune avant-garde européenne (Franz Marc, Fernand Léger...). En 1919, c'est le groupe Üecht à Stuttgart, fondé notamment par Baumeister et Schlemmer, qui invite les artistes du Sturm à montrer leurs travaux. Juste avant la Grande Guerre, à laquelle il va participer en tant que combattant sur les fronts de l'Est (Balkans, Ukraine, Caucase), Baumeister travaille, avec Schlemmer et Hermann Stenner, à la réalisation d'une frise pour le bâtiment d'exposition du Werkbund à Cologne. Proche du constructivisme et des préoccupations architecturales de l'époque, Baumeister développe, dans les années 1920, une de ses spécificités : les Mauerbilder (tableaux-murs). La revue d'Amédée Ozenfant et du Corbusier, L'Esprit nouveau, fait connaître en France, sous la plume de Waldemar George, ces œuvres si particulières s'insérant organiquement dans l'espace et les contraintes architecturales.

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Écrit par

  • : historienne de l'art, professeur de littérature de langue germanique à l'université de Bourgogne
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • PURISME, mouvement artistique

    • Écrit par
    • 3 260 mots
    • 1 média
    ...partie du second futurisme italien, avec Fortunato Depero (1892-1960), par exemple, mais aussi, en Allemagne, de l'art d'Oskar Schlemmer et de Willi Baumeister (1889-1955) dont l'humanité prothétique appartient à la même famille que les robots métalliques de Fernand Léger. Après sa première visite...