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BAZIOTES WILLIAM (1912-1963)

Né à Pittsburgh, ce peintre américain d'origine grecque est généralement associé à l'action painting — au sens que lui donne le critique Harold Rosenberg : une peinture qui se fait dans l'acte, sans idée préalable de son résultat. Mais à la différence de la gestualité impulsive d'un De Kooning, de l'investissement corporel d'un Pollock, c'est dans l'action lente que se réalise la peinture de William Baziotes : le travail s'accomplit peu à peu, par accumulation de couches de couleur, d'où se détachent des formes hybrides.

Après avoir travaillé dans une fabrique de vitraux, Baziotes quitte la Pennsylvanie pour aller étudier la peinture à New York. Comme beaucoup d'artistes de sa génération, il est engagé, durant la Dépression, dans le programme d'aide fédérale (W.P.A.). Sa peinture, plutôt post-cubiste, se charge alors de résonances sociales. En 1941, après avoir cessé de peindre pendant un an, il se lie avec Robert Motherwell et rencontre les surréalistes réfugiés aux États-Unis. Il tentera d'ailleurs de regrouper plusieurs jeunes artistes — dont Pollock — autour de la notion d'« automatisme psychique », avant de créer, plus tard, avec Rothko et Newman, le groupe Subjects of the Artist. Sa première exposition personnelle a lieu en 1944 dans la célèbre galerie Art of this Century, dirigée par Peggy Guggenheim. Objectiver sur la toile les images allusives qui le hantent : tel est alors son propos. « Chaque commencement [d'une peinture] suggère quelque chose. Dès que j'ai pris conscience de la suggestion, je commence à peindre intuitivement. La suggestion, alors, devient un fantôme qui doit être attrapé et rendu réel. Dans le cours du travail, ou à sa fin, le sujet se révèle », écrit-il (dans Possibilities, hiver 1947).

Une texture fluide ou floconneuse, jouant des effets de la transparence, crée un espace dans lequel flottent des formes curvilignes, souvent associées au monde marin (The Beach, 1955, Whitney Museum, New York ; Aquatic, 1961, coll. Guggenheim Museum, New York).

Au contraire de ses contemporains, Baziotes n'a jamais rompu avec une conception scénique de l'espace pictural dans laquelle des figures se découpent sur un fond.

— Élisabeth LEBOVICI

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