BENTINCK WILLIAM, 1er comte de Portland (1649-1709)
D'origine hollandaise, William Bentinck doit toute sa carrière à l'amitié et à la confiance de Guillaume d'Orange qui sut reconnaître ses exceptionnelles qualités militaires et diplomatiques et sa fidélité. Très tôt attaché à la maison du prince, il participe activement aux campagnes et aux négociations de la guerre de Hollande de 1672-1678, puis remplit diverses missions, en particulier auprès de Charles II et de Jacques II d'Angleterre. Son rôle d'intermédiaire entre Guillaume et les conjurés anglais de 1688, et de conseiller du prince après le débarquement de Torbay, ainsi que l'heureuse issue de la Glorieuse Révolution lui valent de multiples signes de gratitude, dont le titre de comte de Portland dès 1689. À partir de ce moment, sa position personnelle devient des plus ambiguës : noble hollandais, il est plus ou moins rejeté par les siens qui voient en lui le représentant d'un souverain étranger, par ailleurs membre de droit du Parlement de Westminster ; en Angleterre, il fait figure de parvenu et son origine lui vaut envie et inimitiés, à la mesure des tâches considérables qui lui sont confiées par la Couronne et des récompenses que lui valent ses succès. Pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, il participe à l'expédition d'Irlande contre les forces jacobites, mais est surtout engagé dans toutes les transactions diplomatiques et, en particulier, joue un rôle capital dans la préparation du traité de Ryswick, en 1697 ; pendant les huit années de la guerre, il a activement assisté Guillaume III de ses conseils et fait pression sur le Parlement pour faire adopter d'indispensables mesures financières. En janvier 1698, il est nommé ambassadeur auprès de Louis XIV ; il demeure à Versailles jusqu'en juin et engage des conversations très positives sur l'avenir du trône espagnol : les bases d'un accord franco-anglo-autrichien sont jetées, que Charles II d'Espagne ruinera par son testament en faveur de Philippe d'Anjou. C'est précisément la décision de Louis XIV de ne pas respecter ses engagements et le traité formel conclu en 1700 qui valent à Portland des attaques très vives au Parlement et même une tentative de faire voter contre lui un acte d'impeachment en avril 1701. Malgré la rivalité grandissante du clan des Malborough, il demeure jusqu'à la mort de Guillaume un conseiller écouté. Sous le règne suivant, il continue de jouer un rôle, en particulier à l'occasion de voyages aux Provinces-Unies. Ferme partisan de la politique de guerre, il demeure jusqu'au bout l'un des pires adversaires de Louis XIV en Angleterre. L'homme qui incarna, s'il ne l'inspira pas, la politique étrangère de son royaume d'adoption pendant vingt ans ne fut pas populaire, malgré les services rendus.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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