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BYRD WILLIAM (1540 env.-1623)

Musique sacrée

Les trois volumes de Cantiones – qu'il s'agisse des dix-sept motets de 1575 qui lui sont propres, des seize de 1589 ou des treize de 1591 – constituent, à l'intérieur d'une unité d'inspiration attachée aux textes latins mis en musique, une image remarquable de cette diversité. Chacun des recueils, le premier à cinq, six ou huit voix, le deuxième exclusivement à cinq voix, le troisième à cinq ou six voix, offre quelques exemples de ce que le fervent catholique qu'était Byrd a laissé de plus admirable en fait de musique sacrée, dans un style marqué tour à tour de la rugosité la plus forte ou de la plus exquise suavité.

Mais les deux livres de Gradualia sont, en fait de musique liturgique « romaine », ce que Byrd a écrit de plus important et de plus ambitieux ; celui de 1605 comporte soixante-trois motets à trois, quatre et cinq voix – ces derniers détenant la majorité absolue de trente-deux pièces ; celui de 1607 compte quarante-six motets à quatre, cinq et six voix. Dans leur ensemble, les pièces sont plus courtes que celles des Cantiones. La suavité de ces dernières s'y retrouve, enrichie d'une somptueuse écriture harmonique et, dans les motets les plus longs, d'une illustration remarquable par la musique du contenu sémantique du texte – ce qu'on nomme en anglais word-painting.

La musique liturgique anglaise, par définition consacrée au rite anglican, offre non seulement la preuve de l'honnêteté intellectuelle de Byrd dans son contrat moral avec la reine, mais aussi celle de son extraordinaire talent de pionnier dans la mise en musique de textes qui ne sont autre chose à l'origine que la traduction du plain-chant traditionnel. Après John Merbecke (Marbeck), Thomas Tallis ou Richard Farrant, Byrd se devait de mettre en place les fondations d'un répertoire liturgique qui est encore aujourd'hui celui de la foi anglicane. Les deux Services complets et les deux Services pour le soir qu'il a écrits dans ce domaine, revenus après deux siècles et demi au répertoire de l'office anglican, restent, avec ses trois messes, ce que Byrd a écrit de plus grand en matière de musique d'église.

Les trois messes, dont aucune n'a pu être datée avec précision, mais dont la composition se situe sans doute entre les années 1588 et 1591 pour les deux premières et 1605 et 1611 pour la troisième, représentent sans doute ce qui, dans toute la production du très catholique Byrd, est le plus proche de son cœur. Et de fait ce sont là trois chefs-d'œuvre : la première, à trois voix, pour la rigueur et la simplicité de sa structure et de son traitement ; la deuxième, à quatre voix, pour l'ampleur de ses proportions et la riche diversité de son écriture vocale et harmonique ; la troisième enfin, à cinq voix, pour son parfum modal délibéré, sa grande variété de groupement des voix et un bonheur d'inspiration qui fait de l'Agnus Dei en particulier un sommet de beauté musicale.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Rouen, musicologue, chef d'orchestre

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