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WARFIELD WILLIAM CAESAR (1920-2002)

Le baryton-basse afro-américain William Warfield a dû, à l'instar de son aînée Marian Anderson et, dans une moindre mesure, de Leontyne Price, qui fut son épouse, mener un combat de longue haleine afin d'imposer son talent dans son pays, où les questions raciales freinaient encore la carrière d'un artiste de couleur qui n'en désirait pas moins se consacrer à un art considéré comme « noble », le chant classique.

William Caesar Warfield voit le jour le 22 janvier 1920, à West Helena, dans l'Arkansas. Il remporte en 1938 le premier prix d'un concours organisé par la National Music Educators League et obtient ainsi une bourse pour étudier dans l'université américaine de son choix. Il opte pour la prestigieuse Eastman School of Music de Rochester (État de New York), où il obtient un diplôme de bachelor of music en 1942. Il sert ensuite comme officier du renseignement dans l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les possibilités, pour un Noir, de mener une carrière lyrique étant à cette époque limitées, William Warfield pense s'orienter vers l'enseignement de la musique. Mais d'autres artistes afro-américains ayant réussi à percer, parmi lesquels Paul Robeson et Marian Anderson, le persuadent de tenter sa chance sur scène. Warfield part alors en tournée avec la troupe itinérante de le revue Call Me Mister en 1946 et 1947 et fait ses débuts à Broadway en novembre 1947, dans la pièce de théâtre Set My People Free de Dorothy Heyward, auteur avec son mari de la pièce Porgy, dont George Gershwin tirera Porgy and Bess. En 1949, il participe à la création, à Broadway, de l'opéra Regina, de Marc Blitzstein.

Sa carrière ne prend cependant véritablement son essor qu'en 1950, après qu'il a donné son premier récital de mélodies, le 19 mars, au Town Hall de New York. Sa voix profonde, puissante et chaleureuse suscite de telles louanges de la part de la critique qu'il se voit proposer la même année une tournée de concerts en Australie. Il incarne ensuite Joe dans le film Show Boat de George Sidney (1951) d'après la comédie musicale de Jerome Kern et Oscar Hammerstein, II ; la chanson Ol' Man River, qu'il y interprète avec beaucoup d'émotion, deviendra sa signature. Warfield se fait également connaître par son incarnation mémorable de Porgy dans Porgy and Bess : il effectue en Europe une tournée durant la saison 1952-1953, dans une nouvelle production de cet opéra, où il donne la réplique à Leontyne Price, dont il sera l'époux de 1952 à 1972 ; il reprendra ce rôle emblématique à de nombreuses reprises (notamment au New York City Opera, en 1961, et à la Volksoper de Vienne, en 1971-1972).

William Warfield se produit souvent en récitals – dans des lieder de Carl Loewe, Robert Schumann, Johannes Brahms... –, en concert – il est un interprète consommé d'oratorios –, dans des programmes télévisés et radiophoniques. De 1974 à 1994, il est professeur à l'université de l'Illinois de Urbana-Champaign et, de 1994 jusqu'à sa mort, à la Northwestern University d'Evanston. Il continue cependant à se produire sur scène et à chanter Ol' Man River, comme dans son dernier concert, donné à Cambridge (Massachusetts) en juillet 2002, quelques semaines avant sa mort, le 25 août, à Chicago.

Signe de son engagement en faveur des droits civiques, William Warfield fut de 1984 à 1990 président de la National Association of Negro Musicians. Il a rédigé des Mémoires, My Music & My Life, qui constituent un remarquable témoignage sur l'histoire des États-Unis de la guerre froide aux luttes pour les droits civiques (Sagamore Pub., Champaign, Ill., 1991).

Dans sa discographie, on retiendra Old American Songs de Aaron Copland avec le compositeur au piano (deux versions : 1951 et 1953), et le Columbia Symphony Orchestra[...]

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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