CHRISTIE WILLIAM (1944- )
S'il n'est pas le seul à avoir permis au monde de profiter à nouveau des richesses du baroque versaillais, le musicien franco-américain William Christie a l'immense mérite d'avoir joué un rôle prépondérant dans la redécouverte du répertoire français des xviie et xviiie siècles grâce, notamment, à un heureux équilibre conjuguant l'enthousiasme de l'exécutant, la solidité du musicologue, l'intelligence du bon goût dans le choix des œuvres à ressusciter, toutes qualités dignes d'un parfait honnête homme du Grand Siècle. À l'instar des musiciens d'autrefois, William Christie ne reste pas confiné, en effet, dans une étroite spécialisation : il est claveciniste, chef d'orchestre, professeur, musicologue, fondateur et animateur de l'ensemble instrumental et vocal Les Arts florissants.
Du miracle d'« Atys » à Mozart
William Lincoln Christie naît à Buffalo (État de New York) le 19 décembre 1944. Sa formation musicale, commencée auprès de sa mère, comprend l'étude des instruments à clavier (piano, avec Laura Kelzy, orgue, auprès de Reed Jerome, clavecin, avec Igor Kipnis, au Berkshire Music Center de Tanglewood) ; elle est couronnée par un diplôme d'histoire de l'art obtenu en 1966 à l'université Harvard. Il a suivi les leçons des clavecinistes Ralph Kirkpatrick (à l’université Yale), Kenneth Gilbert et David Fuller, entre autres. Nommé en 1970 professeur de musicologie au Darmouth College (New Hampshire), il y fonde le Collegium Musicum, un ensemble instrumental et vocal qui préfigure celui qu'il créera en France. Il se donne en effet pour but de travailler la musique ancienne dans une perspective éclairée par l'histoire. Pour ce faire, il convient d'établir un contact aussi étroit que possible avec l'Europe. Aussi gagne-t-il Londres en 1971 puis, cette même année, la France, attiré qu'il est tout spécialement par la musique de ce pays.
Son premier disque, commandité par l'ORTF, est consacré à des enregistrements de compositeurs alors rarement joués : Claude-Bénigne Balbastre et Nicolas Siret. À Paris, il collabore, auprès de Geneviève Thibault de Chambure, à la Société de musique d'autrefois ; en Grande-Bretagne, il fait partie du Five Centuries Ensemble de John Patrick Thomas (1971-1972) ; aux Pays-Bas, il anime, en compagnie de René Jacobs et de Judith Nelson, le Concerto Vocale d'Amsterdam (1975). De 1982 à 1995, la classe de musique ancienne du Conservatoire national supérieur de musique de Paris lui est confiée ; William Christie devient ainsi le premier Américain à être nommé enseignant dans cette institution. Il donne en outre des cours, sous forme de sessions et de séminaires, en particulier au conservatoire de Lyon (classe de direction chorale). De 1976 à 1983, il donne une série de leçons à l'Académie internationale d'été de musique ancienne d'Innsbruck. Il forme les chanteurs de l'Institut de musique et de danse anciennes de Versailles, fondé par Philippe Beaussant, autre figure de proue de la redécouverte du baroque versaillais. Ces activités sont le signe indiscutable du sérieux de la recherche qui est menée par William Christie.
Mais cette connaissance théorique et pratique va déployer toute son efficacité dans la restitution de nombre d'œuvres du passé musical baroque européen, pour l'essentiel français et italien, après qu'il eut fondé en 1979 l'ensemble vocal et instrumental Les Arts florissants, apte à aborder un répertoire délicat et difficile. Le divertissement de Marc-Antoine Charpentier qui porte ce titre est donné à l'Opéra royal de Versailles en 1982, dans une mise en scène de Jorge Lavelli. En 1983, année du tricentenaire de la naissance de Jean-Philippe Rameau, William Christie enregistre l'intégrale de l'œuvre pour clavecin de ce compositeur, et sort de l'oubli la[...]
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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