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GLADSTONE WILLIAM EWART (1809-1898)

Victoria, impératrice des Indes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Victoria, impératrice des Indes

Homme d'État britannique, plusieurs fois Premier ministre de son pays (1868-1874, 1880-1885, 1886 et 1892-1894). Fils d'un marchand de Liverpool, Gladstone entre dans la vie politique en 1832 comme député conservateur de Newark ; il est alors un ferme tenant de l'Église anglicane établie, ce qui lui vaut de vives attaques de libéraux comme T. B. Macaulay. Ayant attaché sa fortune à celle de sir Robert Peel, il devient son ministre en 1835, puis en 1841, lui demeure fidèle lors du choix décisif du libre-échange en 1846. Se rapprochant par degrés des libéraux, il est dès 1852 chancelier de l'Échiquier, poste qu'il retrouve grâce à Palmerston en 1859. Considéré au début des années 1860 comme le plus brillant des libéraux, il conquiert la première place dans son parti après 1866 et succède à Disraeli en 1868. D'esprit très religieux, ouvert au progrès, conscient de l'irrésistible nécessité de céder au courant démocratique, mêlant générosité et calculs politiques à l'intérieur comme à l'extérieur, il est homme de contradictions. Son caractère difficile lui vaut des démêlés avec ses amis et la longue inimitié de la reine Victoria. Il rejette avec horreur le disraélisme. L'indifférence de Disraeli vis-à-vis des atrocités turques dans les Balkans lui inspire, en 1876, le fameux pamphlet Bulgarian Horrors and the Question of the East. On lui doit la réforme électorale de 1884-1885 qui, complétant celle de 1867, permet, par l'octroi du suffrage à presque tous les hommes de vingt et un ans et plus ainsi qu'à une redistribution des sièges, de parvenir à une quasi-démocratie. Préoccupé par le népotisme en honneur dans l'administration, il impose en 1870 le concours comme voie d'accès à la fonction publique. Ayant compris la gravité du problème irlandais, il croit d'abord pouvoir le résoudre par la séparation, en Irlande, de l'Église anglicane et de l'État (1869), puis par des réformes agraires, mais en vient en 1886 à défendre un projet de Home Rule. Battu aux Communes cette année-là et provoquant la scission du parti libéral, abandonné par les « unionistes » de Joseph Chamberlain, il se heurte en 1893 à l'opposition décisive des lords. Chef d'un parti qui prétend représenter aussi les classes laborieuses, il prend sa part des nombreuses réformes sociales des années 1860-1890, et les syndicats lui doivent leur existence légale. Très attaché, à l'extérieur, aux notions d'équilibre européen, de non-intervention, de concert des grandes puissances, il fut toujours fermé aux thèses impérialistes, acceptant après 1880 de rendre leur indépendance aux Boers, ne cherchant pas à venger Gordon, tué au Soudan, et ne se résignant à la mainmise sur l'Égypte qu'avec réticence et en prévoyant une commission de contrôle internationale. En 1878, il a fermement condamné la politique « au bord du gouffre » de son rival conservateur, Disraeli. Déçu par l'échec de nombre de projets et par l'attitude de ses amis politiques, physiquement très affaibli, il abandonnera volontairement le pouvoir en 1894.

Charles Gordon - crédits : London Stereoscopic Company/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles Gordon

Gladstone - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gladstone

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Victoria, impératrice des Indes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Victoria, impératrice des Indes

Charles Gordon - crédits : London Stereoscopic Company/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles Gordon

Gladstone - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gladstone

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