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FORSYTHE WILLIAM (1949- )

Une réforme drastique du ballet

Si dans les années 1980 on décelait encore un néo-classicisme chez Forsythe, très vite la rupture s'impose. En 1987, l'Opéra de Paris invite à nouveau Forsythe qui crée In the Middle SomewhatElevated(musique de T. Willems et L. Stuck), quart d'heure de haute virtuosité où il fait basculer les repères traditionnels. Dans un jeu incessant d'entrées et de sorties, les danseurs envahissent l'espace qu'ils déstructurent : danse aiguisée, vertigineuse, ponctuée parfois d'un geste nonchalant ou désabusé. Certains commentateurs n'hésitent pas à rapprocher ce premier Forsythe de George Balanchine. C'est une manière de dire qu'il a repoussé les limites de la danse classique et ouvert d'autres horizons.

Présenté à Francfort en 1988, Impressing the Czar (musique de T. Willems, Beethoven, L. Stuck, E. Crossman-Hecht), ballet en cinq parties, compte parmi ces pièces où Forsythe s'ingénie à brouiller les pistes, semer le trouble, entretenir le mystère. Chaque volet vient s'opposer au précédent, utilisant d'autres ingrédients, imposant un autre climat dramatique. Sa danse est orgiaque, déstructurée, saccadée, fulgurante et happée par des éclairages coupants. Elle est habillée de noir et de gris, mais aussi de costumes extravagants qui font surgir des personnages venus d'on ne sait où, balbutiant ou criant des propos indistincts.

Si la danse reste l'élément principal de ces ballets, les textes, la musique (souvent en collaboration avec le compositeur Thom Willems depuis 1984) et les lumières participent étroitement à l'écriture du spectacle. À la danse survoltée ou lente (The Loss of Small Detail, avec le couturier Issey Miyake, sur une musique de T. Willems, 1991) s'ajoutent des déflagrations sonores et des lumières violentes que règle le chorégraphe lui-même : projecteurs que les danseurs déplacent avec eux, jeux avec les ombres des silhouettes comme dans Ennemy in the Figure (musique de T. Willems, 1989) et noirs intempestifs concourent à modifier l'espace scénique tout autant que les fermetures et ouvertures de rideaux dans Alie/n A(c)tion(musique de T. Willems, 1992), ou encore les panneaux sur scène qui entravent la vision dans Kammer/Kammer (musique de J. S. Bach, H. von Bieber, G. P. Teleman, Bach / F. Busoni, T. Willems, 2000). Forsythe utilise aussi les nouvelles technologies : projections d'images ou multiplication d'écrans suspendus devant les spectateurs dans la salle.

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William Forsythe - crédits : Norbert Millauer/ AFP

William Forsythe

Autres références

  • BALLET

    • Écrit par et
    • 12 613 mots
    • 21 médias
    ...Roméo et Juliette (1990), avec le dessinateur Enki Bilal ou de films dans N (2006) Sa compagnie a pris le titre de Ballet Preljocaj. À l'opposé, William Forsythe, à la tête du Ballet de Francfort de 1984 à 2005, est la figure emblématique de l'intégration de la modernité dans le monde classique...
  • GUILLEM SYLVIE (1965- )

    • Écrit par , et
    • 1 677 mots
    ...rythme, étude en 1985 et l'année suivante, Arepo – anagramme d'Opéra –, un ballet plein de caractère, d'humour et de vivacité. William Forsythe, qui n'est pas encore considéré comme le réformateur du ballet classique, distribue Sylvie Guillem dans France/Dance, à l'Opéra-Comique,...