GODWIN WILLIAM (1756-1836)
Écrivain et philosophe anglais. William Godwin est né à Wisbech, dans le Cambridgeshire ; son père, qui était pasteur, l'éleva dans la plus pure tradition puritaine. Calvinistes tous deux, ses parents l'envoyèrent faire ses études à Hoxton Academy, où Andrew Kippis et Abraham Rees, de la Cyclopaedia, se chargèrent de son éducation. Devenu plus calviniste que ses professeurs, Godwin se fit disciple de John Glas qui refusait l'idée d'Églises nationales, le royaume de Dieu étant uniquement spirituel. Ensuite, il fut ministre à Ware, à Stowmarket et à Beaconsfield ; c'est à Stowmarket, en 1780, que Joseph Fawcet, un de ses amis républicains, lui fit connaître les philosophes français, ce qui l'éloigna de la foi. En 1782, il s'installa à Londres et c'est alors que la philosophie prit peu à peu le pas sur sa vocation religieuse. En 1783, il fit paraître Vie de Chatham, sans nom d'auteur, puis, en 1784, une série de sermons, Sketches of History, dans lesquels il affirmait que « Dieu lui-même n'a pas le droit d'être un tyran » ; en 1785 enfin, grâce aux bons offices de Kippis, il commença à écrire Sketches of English History pour le New Annual Register. Il écrivit des nouvelles, des articles, et collabora à la English Review. C'est également à cette époque qu'il se mit à fréquenter le cercle politique des whigs et rencontra Thomas Paine qui lui fit lire son manuscrit des Droits de l'homme. Il fit aussi partie d'un club appelé les « Revolutionnists », lié à lord Stanhope, Horne Tooke et Thomas Holcroft.
Godwin, dont la pensée évolue montre en 1795, dans Considerations on Lord Greenville's and Mr. Pitt's Bills, que « le grand problème de la science politique est de savoir comment à la fois conserver à l'homme les avantages de la liberté et user d'une autorité assez ferme pour contrôler chaque violation de la sûreté et de la paix publique ». Publiciste subversif, Godwin ne fut jamais sérieusement inquiété de son vivant pour ses écrits, le Premier ministre Pitt jugeant que, pour un ouvrage séditieux vendu trois guinées l'exemplaire, il valait à peine d'en poursuivre l'auteur. C'est surtout Malthus qui polémique contre lui et attaque dans son Essay on the Principle of Population (1798) l'optimisme de Godwin affirmant qu'une multiplication indéfinie des moyens de subsistance répondra aux développements démographiques ; Godwin devait répondre en 1820 avec Of Population. An Answer to Malthus et repréciser les thèses relatives à la démographie avancées dans Political Justice. Les poètes romantiques anglais devaient lui faire meilleur accueil, notamment William Wordsworth, Samuel Coleridge et Shelley.
En 1796, ayant terminé ses ouvrages les plus importants, il fit la connaissance de Mary Wollstonecraft, écrivain elle aussi, et l'épousa en 1797. Mariage heureux, mais dramatiquement écourté : Mary mourut le 10 septembre de la même année, après avoir donné naissance à leur fille Mary (qui devint, plus tard, la femme de Shelley). En 1801, Godwin se remaria avec la propriétaire d'une imprimerie, Mrs. Clairmont (dont la fille Jane, appelée Claire, fut plus tard la maîtresse de Byron). Avec l'aide de sa femme, Godwin devint bientôt éditeur, sous le nom de Edward Baldwin, et publia des livres pour enfants parmi lesquels Contes tirés de Shakespeare (Tales from Shakespeare, 1807) de Charles et Mary Lamb, ainsi que son propre livre Vie de Chaucer (Life of Chaucer, 1803). Il vécut constamment dans les difficultés financières et l'affaire disparut en 1825. Entre-temps, en 1824, il avait commencé son History of the Commonwealth of England from Its Commencement to the Restoration of Charles II, qu'il termina en 1828.
Les œuvres de Godwin forment un tout, qu'il s'agisse de ses écrits proprement politiques, comme[...]
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Écrit par
- Louise LAMBRICHS : maître en philosophie
Classification
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