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HAZLITT WILLIAM (1778-1830)

Critique et essayiste anglais, Hazlitt, par son tempérament, par sa formation et par ses idées, coïncide, plus qu'aucun de ses contemporains, avec l'esprit de la Révolution. Son père, pasteur unitarien, lui inculqua son rationalisme, son admiration pour Priestley, mais sans l'y convertir complètement, et cela malgré plusieurs années dans une école théologique dissidente. William Hazlitt sera le dissident intégral, ami des « radicaux » Godwin et Holcroft, thuriféraire de Napoléon (d'où sa Life of Napoleon, 1828-1830), disciple et imitateur de Rousseau : il lit avec passion La Nouvelle Héloïse et consacre deux ans à la méditation des Confessions (qu'il croira imiter par son Liber Amoris or the New Pygmalion, 1823, où il rend publique sa pitoyable aventure amoureuse avec la fille de sa logeuse ; livre qui le ridiculise, mais où Charles Morgan voit l'exemple parfait de la « cristallisation » selon la théorie justement contemporaine de Stendhal). Son indépendance, son intransigeance sont source de ses qualités intellectuelles, mais cause de ses difficultés, même avec ses amis. D'une susceptibilité morbide, qu'accentue une impitoyable lucidité à l'égard de soi et des autres, Hazlitt est incapable de charité, de compromis ; champion des abstractions : vérité, liberté, humanité, intitulant sans sourciller un de ses essais : On the Pleasure of Hating. Mais, à côté de cette rigueur de caractère, Hazlitt nous présente une nature « ondoyante et diverse » où la curiosité l'emporte sur le préjugé et le ressentiment. Il se croyait poète et l'a été, par procuration, dans maintes pages nostalgiques de ses essais, par sa compréhension de ses contemporains Coleridge et Wordsworth (My First Acquaintance with Poets), et aussi par l'influence qu'il exerça sur Keats. Il s'est mépris également sur ses dons de peintre (son frère John fut miniaturiste de talent) ; son propre acharnement comme portraitiste ne lui valut aucun succès, mais contribua toutefois à la formation d'une esthétique très originale qui élargit l'horizon de sa critique. On peut en dire autant de ses ambitions de philosophe métaphysicien : les sept années consacrées à la rédaction de Principles of Human Action (1805), à celle de A Reply to Malthus' Essay on Population (1807) et à une série de conférences publiques sur les philosophes anglais ont apporté une discipline à un talent qui aurait pu se contenter d'un éclectisme brillant.

Ce n'est qu'au-delà de la trentaine qu'il trouva sa vraie vocation, ses débuts de critique dramatique coïncidant avec la glorieuse carrière de l'acteur shakespearien Edmund Kean. Par ses Characters of Shakespeare's Plays (1817), il espérait dépasser le célèbre Über dramatische Kunst und Literatur de A. W. von Schlegel (1809-1811) ; par son étude sur Iago, il égale Coleridge. Son activité s'exerce à la fois dans les grands périodiques et dans des séries de conférences : Lectures on the English Poets (1818), Lectures on the English Comic Writers (1818), Lectures on the Dramatic Literature of the Age of Elizabeth (1819). Hazlitt y révèle une culture vaste et souple, décantée en une critique qui veut « refléter les couleurs, lumière et ombre, l'âme et le corps de l'œuvre ». Il s'apparente à Sainte-Beuve (qui a écrit « Sonnet à Hazlitt », dans ses Portraits contemporains), comme à Montaigne, car ses essais sont prétextes constants à des réflexions personnelles, à des études psychologiques, à des portraits et aussi à une interprétation qu'aucun de ses prédécesseurs anglais, pas même Malcolm Cowley, n'avait poussée si avant. Le romantisme, sous l'influence des Confessions de Rousseau, a favorisé en terre anglaise l'épanouissement d'un genre que les Français avaient peu cultivé,[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

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  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

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    ...en lui reconnaissant des qualités éminentes, ajoutait que « malheureusement il se tint à la plaine lorsqu'il aurait pu atteindre les sommets » ; pour William Hazlitt, Pope manquait d'enthousiasme ; en poésie, il était ce que le sceptique est en religion. On ne lui reconnut qu'une inspiration « artificielle...