TALBOT WILLIAM HENRY FOX (1800-1877)
Amateur éclairé, William Henry Fox Talbot s'est distingué dans le domaine des sciences, notamment en mathématique et chimie, mais également en linguistique, archéologie et botanique. Son intérêt pour l'étude de la lumière, de l'optique et de la représentation du réel sur papier orientent ses recherches vers un nouveau procédé de reproduction du paysage à l'aide d'une chambre claire. Il améliore continuellement cette technique jusqu'à l'obtention d'un procédé fiable, le calotype (du grec kalos, « beau ») ou talbotype, dont le brevet est finalement déposé en 1841 à Londres.
Le moteur d'une ambition artistique
Le photographe anglais William Henry Fox Talbot est né le 11 février 1800 à Melbury dans le comté de Dorset, du mariage de William Davenport Talbot et de Elisabeth Fox Strangways. Malgré la disparition de son père, quelques mois après sa naissance, William vit une enfance heureuse à l'abbaye de Lacock, propriété familiale restaurée par sa mère après son second mariage avec le futur amiral Charles Feilding. Cultivée, maîtrisant plusieurs langues, Élisabeth Theresa Feilding saura encourager la curiosité de son fils pour les arts et les sciences. Admis à l'école Harrow en 1811, au Trinity College de Cambridge en 1817, le jeune William se révèle aussi doué pour la physique, la botanique, l'astronomie et les mathématiques, que pour l'italien, le latin, le grec et l'hébreu. Il obtient son Master of Arts en 1825, l'année de sa collaboration à l'observatoire de Paris avec François Arago.
Mariée en 1832 avec Constance Mundy qui lui donnera quatre enfants, W. H. F. Talbot devient membre de la Royal Society à laquelle il apportera de nombreuses contributions scientifiques, même si l'histoire retiendra d'abord sa contribution essentielle, et parfois malheureuse, à l'invention de la photographie. Peu doué pour le dessin et amèrement déçu par ses tentatives de reproduire les beautés rencontrées à la faveur de ses voyages, il conçoit dès le printemps de 1834 le moyen de fixer la délicatesse d'une feuille d'arbre en la plaquant entre une vitre et une feuille de papier imprégnée de sel d'argent noircissant à la lumière. Il obtient ainsi ses premières « sciagraphies », ou dessins d'ombres. Après être parvenu, en février 1835, à augmenter la sensibilité de ses « papiers salés » au nitrate d'argent, Talbot pose, à la manière de Niépce, une feuille de ce papier préparé au fond d'une chambre noire. Il parvient à fixer ses images négatives dans une solution de sel de cuisine et donne à son procédé le premier nom de « papier à dessin photogénique ». Grâce à des temps de pose de plusieurs minutes, il obtient l'été suivant, dans sa propriété de Lacock, les premiers négatifs de scènes réelles qu'il imagine de mettre au contact d'un papier salé vierge pour l'exposer à la lumière solaire. Le principe fondamental négatif-positif de la photographie était découvert, avec son avantage inédit de la multiplicité des épreuves.
Cependant, ses activités politiques (élu en 1832 représentant du bourg de Chippenham au Parlement de Londres, il se porte candidat à la charge de chancelier de l'Échiquier en 1838), ses recherches en mathématiques et en optique détournent Talbot de sa nouvelle passion. Son retour, à la fin de l'année 1838, aux travaux photographiques est contrarié par l'annonce, en janvier 1839, de l'existence du daguerréotype, dont François Arago fera la présentation officielle à l'Académie des sciences de Paris le 19 août de la même année. Le succès du procédé français porte ombrage à l'invention qu'en l'espace de quatre ans Talbot avait améliorée sans avoir pris soin d'en faire une description savante. Malgré les efforts de Michael Faraday pour promouvoir[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
Classification
Média
Autres références
-
BAYARD HIPPOLYTE (1801-1887)
- Écrit par Anne de MONDENARD
- 2 127 mots
- 2 médias
...Arago, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, le 7 janvier 1839. Avant que le procédé de Daguerre ne soit explicité le 19 août de la même année, l'Anglais Talbot s'empresse de faire valoir à Paris l'antériorité de ses recherches sur la fixation et la conservation d'images de la chambre obscure... -
CALOTYPE
- Écrit par Marc-Emmanuel MÉLON
- 1 018 mots
- 3 médias
Le calotype (du grec kalos, beau) est le nom forgé par W. H. F. Talbot pour désigner le procédé de photographie sur papier qu'il achève de mettre au point en 1840. Talbot en découvre le principe fondamental — le système négatif-positif toujours actuel — en 1835, bien avant que Daguerre ne fasse...
-
L'IMAGE RÉVÉLÉE (exposition)
- Écrit par Hervé LE GOFF
- 1 007 mots
Le titre de l'exposition, L'Image révélée. Premières photographies sur papier en Grande-Bretagne (1840-1860), présentée au musée d'Orsay du 27 mai au 7 septembre 2008 est aussi ambigu qu'il est évocateur. S'agissant de la photographie, et plus précisément de son histoire, le rapprochement...
-
PHOTOGRAPHIE - Histoire des procédés photographiques
- Écrit par Jean-Paul GANDOLFO
- 7 284 mots
- 3 médias
...technique en ce début de xixe siècle et berceau du nouvel âge industriel, exerce un rôle majeur dans le processus d'invention de la photographie. Parallèlement aux travaux menés en France, le Britannique William Henry Fox Talbot, mathématicien, philologue et adepte de la camera obscura, réalise...