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HOGARTH WILLIAM (1697-1764)

Le graveur

<it>Jules César</it>, opéra de Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jules César, opéra de Haendel

À une époque où l'image tenait une place essentielle, et dans un pays où naissait la démocratie parlementaire, la gravure satirique ou politique était un des éléments du débat public et de la formation de l'opinion au même titre que les pamphlets ou les articles de presse. La portée de l'œuvre gravée de Hogarth dépasse ainsi la sphère strictement artistique, et on peut affirmer, en se gardant cependant de tout anachronisme, qu'il fut, à sa manière, un artiste engagé. Ses estampes ont d'ailleurs été toujours très populaires, au contraire de sa peinture, qui connut des éclipses dans le goût du public et des amateurs, de son temps comme après sa mort. Elles lui assurèrent en outre une confortable aisance financière. Dès qu'il fut suffisamment connu pour être l'objet de copies et d'éditions pirates qui compromettaient la diffusion de ses originaux, Hogarth (à qui il arriva de superviser lui-même des reproductions bon marché de ses propres œuvres pour profiter de toutes les opportunités commerciales), s'attacha à obtenir une protection légale. Fut ainsi votée à son instigation, en 1736, une loi sur le droit d'auteur, dite « loi Hogarth », qui régit la considérable production d'estampes anglaises durant les xviiie et xixe siècles.

<it>Arrêtée par un magistrat</it> - crédits :  Bridgeman Images

Arrêtée par un magistrat

Hogarth débuta comme apprenti chez un orfèvre, qui lui apprit les rudiments de la gravure. Il s'établit à son compte en 1720, faisant paraître quelques pièces satiriques liées à l'actualité politique, économique ou artistique (Masquerades and Operas, 1723-1724, œuvre dirigée contre William Kent et le cercle de Lord Burlington, propagateur du revival palladien). Il gagnait cependant sa vie essentiellement par l'illustration d'ouvrages (Hudibras de Samuel Butler, publié en 1726). Le tournant de sa carrière artistique se situe en 1732, avec les planches du Harlot's Progress, ou La Carrière d'une prostituée, pour lesquelles il inaugure un genre nouveau, qu'il appelait le sujet moral moderne. Six compositions (les tableaux originaux ont été détruits dans un incendie), savamment agencées, au réalisme appuyé, tant dans le décor que dans les personnages, qui mêlent les types aisément reconnaissables à des figures connues que le public pouvait identifier, narrent l'histoire d'une prostituée, de son arrivée à Londres, jeune paysanne innocente, à ses funérailles, en passant par divers épisodes : querelle avec son protecteur, arrestation par un magistrat, séjour en prison, mort aux mains de médecins ignorants. Le succès l'incita à créer, dans une manière analogue, le Rake's Progress ou La Carrière du roué (huit sujets, 1735, peintures au Sir John Soane's Museum, Londres). Dix ans plus tard il peignait et faisait graver (par des artistes français, car il voulait donner un fini parfait à ses estampes) sa série probablement la plus connue, Marriage-à-la-mode (1745, six planches, peintures à la National Gallery, Londres) qui raconte un mariage malheureux entre un aristocrate désargenté et la riche héritière d'un marchand qu'on lui donne pour épouse. Hogarth fit suivre cette série d'une autre, où il met en parallèle le destin de deux apprentis filateurs, le paresseux qui finira pendu à Tyburn, et l'industrieux qui, après avoir épousé la fille de son maître, terminera lord-maire de Londres (Industry and Idleness ou Le Zèle et la Paresse, 1747, douze planches pour lesquelles il n'existe pas de peinture). Après une nouvelle interruption, Hogarth exécuta sa dernière série de peintures doublée de gravures, The Election ou La Campagne électorale (1754-1755, quatre sujets, peintures au Sir John Soane's Museum). D'autres pièces ont aussi été composées sur le mode des pendants, sans avoir peut-être toujours toute la portée de ces ensembles où se synthétise l'art de Hogarth,[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Médias

<it>Jules César</it>, opéra de Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jules César, opéra de Haendel

<it>Arrêtée par un magistrat</it> - crédits :  Bridgeman Images

Arrêtée par un magistrat

<it>La Récompense de la cruauté</it> - crédits :  Bridgeman Images

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