HOGARTH WILLIAM (1697-1764)
Le peintre et le théoricien
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Nul doute toutefois que Hogarth voulait s'imposer d'abord en tant que peintre. On pourra à cet égard souligner le statut parfois ambigu de ses gravures, dont certaines (souvent, d'ailleurs, les plus importantes) s'appuient sur des compositions peintes. Faut-il les ravaler au rang de simples reproductions ? Qu'en est-il d'autre part des peintures que Hogarth n'a pas gravées ou fait graver, et notamment de la plupart de ses portraits ? Les jugeait-il secondaires ? La question reste ouverte sur les rapports qu'entretiennent dans sa création peinture et gravure. Mais il se disait peintre, et s'est représenté comme peintre dans deux célèbres autoportraits, qui existent sous les deux formes (les deux tableaux sont conservés à Londres, à la Tate Gallery pour la version de 1745 avec son chien Trump, à la National Portrait Gallery pour celle, exécutée avant 1758, où l'artiste travaille à un tableau représentant la Comédie).
Après avoir étudié, au moment où il exécutait ses premières gravures, dans les ateliers de Louis Chéron et de John Vanderbank, puis dans celui du peintre James Thornhill, l'un des principaux peintres d'histoire britanniques, il commence à peindre au milieu des années 1720, principalement des portraits et notamment des conversations pieces, portraits de groupe alors à la mode. Son mariage avec la fille de Thornhill (qui avait d'abord refusé son consentement, puis s'y résolut, selon la légende, en voyant les tableaux du Harlot's Progress de son gendre) coïncide avec son intervention à Vauxhall. La réputation de Hogarth comme portraitiste était grande, il alliait une certaine naïveté à une admirable perception des caractères et des personnalités, traduits avec une très grande fraîcheur de pinceau (Enfants jouant la comédie ou Une scène de « La Conquête du Mexique » de Dryden : L'Empereur indien, 1731-1732, coll. part., Grande-Bretagne, Les Enfants du Docteur Graham, 1742, Tate Gallery). Il se contenta souvent d'appliquer la formule du simple portrait en buste, mais fit preuve de plus de recherche quand il s'agissait de ses amis ou de ses proches. Le Capitaine Thomas Coram, 1740, Foundling Hospital, Londres, Benjamin Hoadley, évêque de Winchester (deux versions, 1740-1743, Huntington Art Gallery, San Marino, et Tate Gallery), Garrick dans le rôle de Richard III (vers 1746, Walker Art Gallery, Liverpool), Garrick et sa femme (1748, collections royales britanniques). On retiendra enfin quelques œuvres plus esquissées, mais très populaires par leur vie, leur vigueur et leur vivacité d'exécution (La Marchande de crevettes, 1740, National Gallery, Londres, Les Domestiques de Hogarth, 1750-1755 ?, Tate Gallery).
À côté des portraits et des scènes de genre qui constituent l'essentiel de sa production, Hogarth peignit également d'ambitieux tableaux d'histoire : La Piscine probatique et Le Bon Samaritain (en collaboration avec George Lambert, Saint Barthelemew's Hospital, 1735-1736, Londres), Moïse amené devant la fille de Pharaon (1746, Foundling Hospital), Saint Paul devant Félix (1748, Lincoln's Inn Society, Londres), Les Trois Marie au tombeau, L'Ascension et La Fermeture du tombeau, triptyque pour l'église St. Mary Redcliffe de Bristol (1756, City Art Gallery, Bristol). C'est dire que tout en ayant créé un genre original où pouvaient s'exprimer ses qualités propres, il ne délaissa pas la hiérarchie traditionnelle qui privilégiait le « grand goût ». Cette volonté de reconnaissance est sous-jacente à la publication, en 1753, de son traité théorique The Analysis of Beauty. Par-delà les polémiques auxquelles il se livre, il y développe son esthétique, principalement fondée sur l'emploi de la « ligne de beauté » ou « ligne serpentine ». L'ouvrage fut diversement accueilli, mais[...]
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Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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