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JAMES WILLIAM (1842-1910)

Psychologue nord-américain, philosophe, leader du mouvement connu sous le nom de pragmatisme, William James était le fils d'Henry James, le disciple de Swedenborg, et le frère aîné d'Henry James, romancier célèbre, renommé pour la finesse de ses analyses psychologiques et de son style. Les aïeux de James étaient des émigrants irlandais enrichis. Ses grands-parents étaient des agriculteurs ou des commerçants, et il est rare qu'on rencontre dans sa famille un avocat ou un médecin. L'enfance de William James, comme celle de son frère Henry, fut mouvementée, en raison des fréquents voyages de leur père, particulièrement en Europe. C'est sans doute cette agitation dont fut animée son enfance qui rendit à William si difficile le choix d'un métier. Finalement, il s'orienta vers les sciences, après avoir d'abord tenté d'étudier les beaux-arts. Il entra à l'école scientifique Lawrence de l'université Harvard. Il suivit là des cours de chimie, d'anatomie, puis commença des études médicales à Harvard. Il interrompit momentanément ses études pour accompagner, en tant qu'assistant, le naturaliste Louis Agassiz, dans une exploration du bassin de l'Amazone. Ayant repris ses études, il les interrompit à nouveau, en 1867-1868, pour partir en Allemagne suivre les cours de Helmholtz, Virchow et Bernard. Ce fut une période riche en lectures de toutes sortes (Renouvier surtout), en méditations et en observations. Mais ce fut également une période de grande indécision et de découragement, qui le mena presque au suicide : ses études scientifiques lui semblèrent un moment pernicieuses, il eut l'impression qu'elles minaient sa foi, et ce conflit, qui resta vif pendant toute l'existence de James, fut l'un des moteurs essentiels de son œuvre.

Lorsqu'il revint à New York en novembre 1868, il était malade. Et bien qu'il ait obtenu son diplôme médical à Harvard, il fut incapable d'exercer la médecine. De juin 1869 à 1872, James vécut dans la maison de son père, comme un demi-invalide, passant son temps à lire et à méditer, écrivant fort peu. Au début de cette période, il connut des troubles rappelant certains aspects d'une « névrose phobique », qui le menèrent au bord de la folie, mais dont il se remit en avril 1870. Si l'on en croit ce qu'il dit lui-même, c'est la lecture d'un texte de Renouvier sur la volonté libre qui lui permit de sortir de cette crise et qui l'amena à décider que l'acte fondateur de la volonté libre était la croyance en cette volonté libre, malgré l'affirmation de Darwin selon laquelle l'esprit est un produit de l'évolution biologique : pour W. James, la volonté humaine n'en reste pas moins libre, et la vie vaut la peine d'être vécue. C'est cet optimisme voulu qui permit à James de dépasser cette crise qu'il avait traversée.

C'est en 1872 que James commença sa carrière de professeur qu'il devait poursuivre jusqu'à la fin de sa vie. Il fut à cette date nommé professeur de physiologie à Harvard. Mais, sans se limiter à ce domaine, il enseigna bientôt la biologie, la philosophie, la psychologie, et poursuivit l'étude de leurs rapports réciproques. Il ne considère plus alors la psychologie de façon traditionnelle, comme une science des phénomènes mentaux, mais comme une science fondée sur la physiologie. Cet enseignement parut révolutionnaire, dans la mesure où la psychologie était alors enseignée en Amérique comme une science fondée sur des principes théologiques. La psychologie, ainsi renouvelée, devenait une science de laboratoire, et la philosophie devint, d'un simple exercice de rhétorique qu'elle était, une aventure dont l'enjeu principal était de découvrir une méthode et une métaphysique.

Lorsqu'en 1878 James épousa[...]

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