MORRIS WILLIAM (1834-1896)
Tout à tour dessinateur, poète, romancier, traducteur, peintre, théoricien, et finalement acteur notable du mouvement socialiste anglais, William Morris fonda le mouvement Arts and Crafts en Angleterre grâce à ses créations dans divers arts décoratifs (mobilier, textile, vitrail, papier peint), bouleversant l'esthétique de l'époque victorienne et contribuant à nous introduire dans l'ère du design.
L' influence de l'art médiéval
William Morris naît le 24 mars 1834 à Walthamstow, petit village de l'Essex situé non loin de Londres, dans une famille bourgeoise. En 1853, il entre au Exeter College de l'université d'Oxford. Il y rencontre Edward Jones, futur peintre et dessinateur qui prendra le nom de Burne-Jones. Profondément touchés par le mouvement d'Oxford au sein de l'Église anglicane, les deux amis semblent se diriger vers une carrière ecclésiastique. Mais le jeune Morris va être fortement influencé par les écrits du critique d'art John Ruskin sur les fondements sociaux et moraux de l'architecture (notamment « La Nature du gothique », chapitre extrait des Pierres de Venise) rédigés en réaction contre l'art sclérosé de la Royal Academy et prônant un renouveau esthétique à l'image de celui qui marque l'époque gothique. Diplômé en 1856, Morris entre alors dans le cabinet de l'architecte néo-gothisant G. E. Street, à Oxford. La même année, il finance les douze premiers numéros mensuels du Oxford and Cambridge Magazine, dans lequel paraissent nombre des poèmes qui, deux ans plus tard, seront réimprimés dans son premier ouvrage publié, Defence of Guenevere and Other Poems.
Les visites que William Morris entreprend avec Street et Burne-Jones en Belgique et dans le nord de la France, où il admire pour la première fois les peintures réalisées au xve siècle par Hans Memling, Jan et Hubert Van Eyck, ainsi que les cathédrales d'Amiens, de Chartres et de Rouen, confirment son attrait pour l'art médiéval. C'est à cette époque que Morris subit l'influence du peintre préraphaélite et poète Dante Gabriel Rossetti. Celui-ci le persuade d'abandonner l'architecture au profit de la peinture et le fait entrer dans le cercle d'amis qui décorent les murs de l'Oxford Union de scènes de la légende arthurienne inspirées de Le Morte Darthur, ou La Mort d'Arthur, écrit au xve siècle par l'Anglais sir Thomas Malory. Seule une peinture de chevalet réalisée par Morris subsiste : La Belle Iseult, encore appelée Queen Guenevere (1858). Il y prend pour modèle l'énigmatique Jane Burden, fille d'un palefrenier d'Oxford, qu'il épouse en 1859. De 1856 à 1859, Morris partage un atelier avec Burne-Jones sur la place Red Lion Square à Londres, qu'il agrémente de meubles de sa conception, d'inspiration médiévale.
Après son mariage, Morris demande à son ami l'architecte Philip Webb, qu'il a rencontré au cabinet de Street, de construire à Bexleyheath (Londres) la Maison rouge, qui doit son nom à son matériau principal, la brique rouge. Pendant que Morris et ses amis aménagent et décorent cette maison naît l'idée de créer une association d'« ouvriers des beaux-arts », qui réaliserait un art décoratif conçu sur le motif artisanal, en réaction aux productions industrielles. Cette conversion aboutit en avril 1861 à la création de la société Morris, Marshall, Faulkner & Company, fondée par Morris, Madox-Brown, Rossetti, Webb et Burne-Jones. Installée sur la place Red Lion Square, à Londres, elle se dit capable d'« entreprendre toute espèce de décoration, depuis les peintures proprement dites jusqu'aux moindres objets susceptibles de beauté artistique ». Lors de l'Exposition internationale de Londres, en 1862, ses membres présentent à South Kensington des vitraux, des meubles et des broderies. Ils reçoivent alors des commandes[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philip Prichard HENDERSON : auteur et éditeur
Classification
Médias
Autres références
-
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Architecture
- Écrit par Monique MOSSER
- 7 827 mots
- 30 médias
...production artistique. On assiste alors pour la première fois à une véritable prise en compte des problèmes sociaux face aux problèmes esthétiques. C'est William Morris (1834-1896) qui devait mettre en forme cette nouvelle philosophie de l'art. Pour lui, l'art ne serait sauvé de son anéantissement par la... -
ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et société
- Écrit par Antoine PICON
- 5 782 mots
...Viollet-le-Duc, marquées surtout par le refus des formes issues de l'industrialisation, ses théories vont influencer le fondateur du mouvement des Arts and Crafts, Williams Morris (1834-1896). Tout au long de sa carrière, ce dernier tentera de renouer avec une pratique artisanale de l'architecture et des arts décoratifs... -
ART COLONIAL
- Écrit par Véronique GERARD-POWELL et Alexis SORNIN
- 8 370 mots
- 2 médias
...n'inclut pas moins de douze mille objets indiens, est le résultat des expertises conjuguées de J. L. Kipling, de C. Purdon Clarke et de George Birdwood. Elle sert également de prétexte à William Morris pour rédiger une lettre ouverte en faveur de la préservation des arts indiens qu'il juge menacés, comme... -
ART NOUVEAU
- Écrit par Françoise AUBRY
- 8 824 mots
- 23 médias
...exposition universelle à Londres, en 1851, outragea le sens de la beauté de certains visiteurs : tant de laideurs étalées avec fierté par leurs producteurs ! William Morris (1834-1896) engage alors le combat en faveur de l'amélioration du cadre de vie : il s'agit de ne rien avoir chez soi qui ne soit beau et... - Afficher les 25 références