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GROVE WILLIAM NAPOLÉON (1901-1975)

Né à Paris, de parents qui avaient une lointaine ascendance anglaise, William Nolgrove avait pris l'habitude de signer ses dessins « W.N.Grove » (pour Nolgrove), ce qui donna l'idée à Henri Morinier, comme lui dessinateur au Canard enchaîné, de lui attribuer, par plaisanterie, le second prénom de Napoléon, qu'il gardera. Malgré les dons qu'il manifeste dès son plus jeune âge pour le dessin, malgré l'originalité et la fantaisie de son caractère, il s'essaie, par nécessité et sans enthousiasme, à différents métiers de bureau. Cependant, il fréquente assidûment le Montparnasse de l'après-guerre et dessine beaucoup.

Son premier dessin est publié en 1919. Dès lors, il abandonne toute idée de carrière « sérieuse » et se consacre définitivement à la caricature. Il collabore régulièrement à Marianne, à L'Œuvre ; il dessine aussi pour Le Journal et parfois pour Le Rire. Sa première contribution au Canard enchaîné, pour lequel il travaillera jusqu'à la fin de sa vie, date de 1923. Il fait également des affiches pour la Loterie nationale, pendant une dizaine d'années, et pour le Crédit municipal. Après la Seconde Guerre mondiale, il ne collaborera plus guère qu'au Canard enchaîné, où chaque semaine paraît sa bande dessinée devenue célèbre.

Dessinateur de grand talent, William Napoléon Grove simplifie son trait à l'extrême, pour ne conserver que l'essentiel et donner ainsi plus de force à sa caricature. De cette recherche naît une silhouette humaine très caractéristique.

Marcel Aymé, qui admire le talent de ce « grand novateur », estime (dans un article sur le dessin humoristique) que « vers 1935, la caricature prend un nouveau tournant avec Grove ».

Mais le dessin de Grove n'est simple qu'en apparence Il travaille difficilement et jette des dizaines d'esquisses avant de retenir le dessin définitif – qu'il donne toujours au dernier moment, parce que le temps presse et que le journal doit sortir. Le texte de la légende, qu'il veut parfaitement accordée à l'image, lui donne plus de mal encore. Ce souci de perfection, cette conscience professionnelle exigeante peuvent sembler en contradiction avec le caractère de ce fantaisiste qui se vante d'avoir consacré, durant toute sa vie, une activité considérable à en faire le moins possible.

Toujours très élégant, d'une élégance un peu britannique, il aime retrouver de bons copains (tels Antoine Blondin et Kléber Haedens) dans les bars où l'on connaît bien sa silhouette fluette. Son inépuisable fantaisie, sa gaieté, son goût de l'absurde, son « vertige du coq à l'âne », son humour saugrenu, pas toujours rose, auxquels s'ajoutent un réel sens poétique et une grande tendresse indulgente pour les êtres se retrouvent chez ses personnages, qu'il fait vivre d'une vie semblable à la sienne. Jetant sur les choses et les gens un regard inattendu, capable d'un pur raisonnement cartésien sur un point de vue absurde, il démonte, avec une logique toute personnelle, le mécanisme des situations les plus délicates et les plus complexes, les ramène à l'essentiel en les démystifiant, en les débarrassant du masque de l'hypocrisie et des faux semblants. Et quand il propose une solution, on ne sait plus si elle est absurde ou géniale. C'est sa façon de rechercher la vérité, tout en faisant rire.

Ses thèmes, ses sujets préférés sont avant tout l'actualité, le quotidien, l'événement.

Mais il a aussi illustré des séries suivies : les Fables de La Fontaine, les vieilles chansons françaises ; il dessine pour le Canard enchaîné une extraordinaire histoire de Napoléon ; il raconte la Bible pendant plus d'un an. Et, quand on lui demande de mettre fin à cette série pour entreprendre un autre récit, il n'en est encore qu'à l'Exode. Qu'à cela[...]

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