SAROYAN WILLIAM (1908-1981)
William Saroyan est né dans le quartier arménien de Fresno, en Californie. Son père meurt en 1911 et les enfants Saroyan sont placés dans un orphelinat d'Oakland, leur mère travaillant alors à San Francisco. Ils se réinstallent à Fresno en 1915 et rejoignent l'école que William quittera à quatorze ans, s'évertuant à différents jobs puis travaillant pour une compagnie télégraphique de San Francisco. Il publie sa première nouvelle en 1928 et décide de devenir écrivain. Son premier recueil de nouvelles, The Daring Young Man on the Flying Trapeze [L'Audacieux Jeune Homme au trapèze volant], publié en 1934, est un grand succès. En 1939, sa première pièce, My Heart's in the Highlands [Mon coeur est sur les monts d'Écosse]est montée à Broadway ; il reçoit le prix Pulitzer en 1940... et le refuse, arguant qu'il ne peut accepter l'idée « d'hommes d'affaires subventionnant des écrivains ». Il passe la plus grande partie des années 1950 à Paris, puis revient s'installer en Amérique au début des années 1960. Il meurt à Fresno – d'un cancer – en avril 1981. Saroyan a commencé à être publié durant l'un des moments les plus noirs de l'histoire des États-Unis. Et l'on comprend que ses nouvelles d'abord, puis ses romans et ses pièces, aient connu un succès aussi immédiat, aussitôt qu'on devine son projet, qu'il définissait ainsi : « rendre l'homme à lui-même, le sortir de la foule anonyme et du cauchemar de l'histoire pour le rendre à son corps et à son esprit – à son âme véritable ». Ce désir de montrer un être humain idéal – une sorte d'idéal enthousiaste et serein – qu'il reconnaissait chez tous, a sous-tendu toute son œuvre. Il voulait prouver que des capacités illimitées de bonheur et de beauté sont la première, l'indispensable qualité de l'homme, celle qui justifie son existence. Certainement Saroyan avait des doutes : plusieurs de ses pièces sont rien moins qu'optimistes et, dans les années 1940, au faîte de sa gloire, il semble s'éveiller à l'imperfection qui gâche sa vision idéale. C'est dans son premier roman, The Human Comedy (1943), qu'on perçoit pour la première fois une angoisse, difficile à accepter et impossible à avouer. La suite de son œuvre, dans sa presque totalité, est la preuve d'une recherche forcenée d'une conciliation possible entre des aspects apparemment irréconciliables. La critique a amplement reproché à Saroyan son lyrisme excessivement optimiste, une simplicité parfois forcée, une naïveté ambiguë et pointilleuse. Il est un fait que Saroyan reste parfois fort éloigné de l'objectif qu'il s'est fixé. Mais si ces limites existent, son œuvre révèle également des vérités simples et profondes, un héritage humain d'espoir et de joie qu'il a transcrit dans son ambiguïté réelle, qui se trouvait être la sienne.
Saroyan a toujours été un auteur très prolifique, qui insistait sur le caractère spontané de l'écriture – à Londres, durant la guerre, il écrivit Les Aventures de Wesley Jackson en un mois (1944) ! Sa vision allégorique de la perfection, la fraîcheur d'un style qui a renouvelé profondément la forme des nouvelles compensent la superficialité dont on a volontiers accusé son œuvre.
Souvent considéré comme un auteur peu littéraire, il ne récuse pas ce jugement, tenant à apporter à son lecteur la « vie » plutôt que l'art. On a rapproché son théâtre de celui de Pinter, de Beckett, de Ionesco : mêmes libertés concernant les règles de l'art, même souci de préserver un idéal de dignité humaine. De culture profondément arménienne, il est pourtant, dans son œuvre, authentiquement américain. Et sa flamboyance de barde intuitif, violent et tendre, qui en appelle plus à l'irrationnel et à l'instinctif qu'à[...]
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Écrit par
- David GUINSBOURG : traducteur
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Autres références
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- 1 778 mots
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