O'BRIEN WILLIAM SMITH (1803-1864)
Homme politique irlandais. Membre de la gentry protestante, ayant fait ses études à Harrow et à Cambridge, descendant lointain d'une dynastie royale irlandaise, O'Brien demeura longtemps étranger à l'idéologie nationaliste et siégea aux Communes comme député tory de Ennis dès 1828 avant de représenter, de 1835 à 1848, la circonscription de Limerick. Connu pour son intégrité et sa pondération, il a longtemps été l'adversaire de Daniel O'Connell. Mais, déçu par l'inaction des milieux politiques anglais à l'égard de l'Irlande, il en vient à se rallier à l'idée d'une patrie irlandaise qui serait maîtresse de sa destinée. En 1843, il participe activement à la campagne de O'Connell en faveur de la rupture de l'Union : son ralliement, outre son caractère spectaculaire, symbolise l'association des héritiers protestants de Henry Grattan avec les disciples catholiques de O'Connell. Après la disparition de celui-ci en 1846, O'Brien assume difficilement un rôle d'arbitre entre la vieille garde légaliste et prudente et une jeune génération romantique, exaltée et révolutionnaire. La famine causée par la pénurie de pommes de terre et les immenses malheurs de l'Irlande achèvent en fait de le rallier au mouvement de la Jeune-Irlande. Il se prépare aux combats décisifs et, au cours d'un séjour en France, essaie en vain d'obtenir de Lamartine, chef du gouvernement provisoire, autre chose que de simples encouragements. À son retour, il constitue une Garde irlandaise et un Conseil des Trois-Cents et, en juillet 1848, donne le signal d'un soulèvement qu'il espérait être général. Combattu par le clergé catholique fidèle aux directives de Pie IX, ce mouvement ne rencontre que peu de succès et se termine par la piteuse escarmouche de Ballingarry, le 30 juillet. Arrêté et condamné à mort, O'Brien est gracié par la reine Victoria et déporté en Tasmanie, où il demeure jusqu'en 1856. Il en rapporte ses Principles of Government ou Meditations in Exile. Il termina sa vie à Bangor, dans le pays de Galles, d'où son corps est ramené en Irlande. Son rôle historique aura été de souligner la possibilité d'une entente patriotique entre protestants et catholiques, que symbolise le drapeau des révolutionnaires de 1848 : le vert catholique et l'orange protestant y étaient en effet reliés par le blanc de la « trêve permanente » entre les deux religions. Devant l'inefficacité de l'action légale, il s'est posé en partisan de la voie révolutionnaire.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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