JEVONS WILLIAM STANLEY (1835-1882)
Économiste et logicien britannique, William Stanley Jevons s'est intéressé à de nombreuses questions économiques, de la formation des prix à l'explication des fluctuations économiques mais, dans l'histoire de la pensée économique, il est essentiellement considéré, à côté de Léon Walras et de Carl Menger, comme un fondateur de la théorie économique néo-classique.
William Stanley Jevons naît à Liverpool le 1er septembre 1835 et meurt noyé à Saint Leonard's, près de Hastings, le 13 août 1882. Il commence ses études au University College de Londres mais, neuvième enfant d'un maître de forge, il doit, après la ruine de son père, les interrompre pendant cinq années pour gagner sa vie en Australie comme essayeur de monnaie. Il poursuit cependant son initiation en autodidacte tout en manifestant un grand dédain envers l'orthodoxie classique. De retour en Angleterre en 1859, il achève ses études, puis il commence sa carrière d'enseignant. Il occupe successivement, à partir de 1863, des chaires de logique, de psychologie et de morale au Owens College de Manchester où Richard Cobden enseigne l'économie politique, puis obtient en 1872 une chaire d'économie au University College de Londres.
La bibliographie des travaux de Jevons est importante et se situe dans trois domaines essentiels : la logique, l'économie pure, les analyses quantitatives appliquées. Dans une allocution prononcée à l'occasion du centenaire de la naissance de Jevons, John Maynard Keynes pouvait dire : « Il appartient au groupe d'économistes dont l'école de pensée a dominé notre domaine pendant un demi-siècle après la mort de Mill en 1875 ; ce furent nos maîtres et immédiats prédécesseurs », ajoutant ensuite que « par son ampleur, sa variété, son originalité, sa pénétration incisive, l'œuvre de Jevons en tant qu'économiste, statisticien, logicien, philosophe est l'une des plus grandes des temps modernes ». Dans sa communication de 1862 à la British Association, Jevons ventilait ses travaux en deux catégories : ceux qui relèvent de l'induction et concernent en particulier l'étude des fluctuations et ceux qui font appel à la déduction, que ce soit en économie ou en logique. Nous adopterons ce clivage pour présenter son œuvre.
Des travaux appliqués
Dans le domaine de l'économie appliquée, où, selon Keynes, Jevons se révèle comme un pionnier de l'histoire des prix et des fluctuations, les préoccupations de Jevons sont variées. Tentant de mesurer la hausse des prix dans la période qui suit la découverte de l'or californien ou australien, il apporte, dans son opuscule Une chute sérieuse dans la valeur de l'or (The Serious Fall in the Value of Gold, 1863), une contribution remarquable à la théorie des nombres indices et des séries temporelles. Dans La Question du charbon (The Coal Question, 1865), qui anticipe nos préoccupations modernes concernant les ressources non renouvelables, il applique l'analyse statistique à ce problème d'intérêt vital pour la Grande-Bretagne. Le Parlement britannique s'était, en effet, inquiété, lors d'un débat à l'occasion du traité de libre-échange Cobden-Chevalier de 1860, de la menace que pouvait faire peser sur l'industrie britannique l'épuisement des réserves de charbon. Pour faire face à une demande croissante, il faudrait mettre en exploitation des mines dont les coûts d'exploitation seraient plus élevés. En même temps, l'utilisation de machines moins consommatrices d'énergie n'entraînerait pas une baisse de la consommation mais l'utilisation de plus de machines réduisant les économies d'énergie possibles (paradoxe dit de Jevons). Les diverses études sur les crises que Jevons publia entre 1871 et 1875, à une époque où le traitement de cette question était encore rudimentaire, représentent d'importantes contributions à l'analyse des variations[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guy CAIRE : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Média
Autres références
-
THÉORIE DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE, William Stanley Jevons - Fiche de lecture
- Écrit par Philippe LE GALL
- 868 mots
- 1 média
La Théorie de l'économie politique du Britannique William Stanley Jevons (1835-1882) traduit d'abord l'émergence de la « révolution marginaliste », à laquelle ont également œuvré Léon Walras, en France, et Carl Menger, en Autriche. Elle marque aussi la montée en puissance...
-
ÉCONOMIE (Définition et nature) - Enseignement de l'économie
- Écrit par Jean-Marc DANIEL
- 5 551 mots
L'année 1871 va marquer une rupture. À trois titres. En Angleterre, William Stanley Jevons publie sa Théorie de l'économie politique, où l'essentiel de son propos est assis sur des raisonnements mathématiques. Depuis un an, un Français, Léon Walras, enseigne à Lausanne une économie... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Les grands courants
- Écrit par Jérôme de BOYER
- 8 689 mots
- 10 médias
Parallèlement, en Angleterre avec Stanley Jevons (1871, Théorie de l'économie politique), en Autriche avec Carl Menger (1871, Grundzätze der Volkswirtschaftslehre[Principes d'économie politique]) et en France avec Léon Walras (1874, Éléments d'économie politique pure), on... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Marginalisme
- Écrit par Jean-Sébastien LENFANT
- 2 035 mots
- 1 média
...il faut séparer d'un côté le projet essentialiste d'un Menger et d'un autre côté la recherche d'une théorie des prix et de l'équilibre économique chez Jevons et Walras. Pour Menger, le but de la science économique est de retrouver les motifs subjectifs qui animent les individus dans leurs choix et leurs... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Théorie néo-classique
- Écrit par Jean-Marc DANIEL
- 2 844 mots
- 2 médias
...caractère peu imaginatif et la prétention à dominer toute production économique théorique. On considère que le premier économiste néoclassique est l'Anglais William Stanley Jevons (1835-1882) qui publie en 1871 une Théorie de l'économie politique qui est le premier texte vraiment néoclassique. Mais... - Afficher les 7 références