TUBMAN WILLIAM VACANARAT SCHADRACH (1895-1971)
Fils d'un colon émigré de Georgie en 1834, William Tubman fait des études de droit et devient avocat en 1917. Collecteur d'impôts, puis professeur pendant une brève période, il sert ensuite dans la milice libérienne où il accède au grade de colonel. Candidat du True Whig Party au pouvoir depuis 1878, il est élu pour six ans au Sénat du Liberia en 1923. En 1928, il représente le Liberia à la conférence quadriennale de l'église méthodiste, qui se tient à Kansas City. Il devient ensuite conseiller juridique du vice-président Yancy. Il se retire du Sénat en 1931, y revient en 1934 et démissionne de nouveau en 1937 pour accepter un poste de juge associé de la Cour suprême du Liberia, poste qu'il conserve jusqu'en 1943. Le 4 mai 1943, il est élu président de la République. Sous son administration et avec l'appui des États-Unis, le Liberia a fait des progrès économiques et techniques considérables. Tubman acquiert une certaine popularité grâce à sa politique nettement progressive d'unification. Il prône l'égalité pour tous les partis du pays, sans considération de race ou de clan ; s'opposant à toute tendance de séparatisme, il a pour souci majeur l'unification de la Fédération dans les domaines social et politique. C'est pourquoi il a étendu à tous ceux qui possèdent un bien foncier, si petit soit-il, ou qui paient la « taxe de hutte », le droit de vote jadis réservé aux « citoyens », c'est-à-dire aux Afro-Américains. En 1945, d'autre part, un amendement est ajouté à la Constitution qui étend le droit de vote aux femmes et introduit le secret du vote. Cependant, le plus souvent, les hommes des tribus se soucient fort peu de voter ; la création d'un pouvoir central n'a guère changé leur façon de vivre : en effet, les représentants des diverses tribus, admis au Parlement, ne se comprennent pas bien, beaucoup d'entre eux ne sachant pas s'exprimer en anglais. De plus, ils participent seulement aux débats qui concernent les affaires aborigènes. Pour réveiller leur confiance, Tubman prend contact avec eux pour leur exposer ses idées et, contrairement à ses prédécesseurs, vers 1945-1946, multiplie ses voyages dans l'intérieur du pays. Il a aussi travaillé à la modernisation du Liberia en faisant une série de réformes concernant l'économie et l'éducation : soucieux de réaliser une certaine unité, il s'attache à la création d'un réseau routier moderne, considérant que c'est un moyen supplémentaire de faciliter l'unification politique ; dans le même but, il ordonne la construction d'aérodromes et d'hôpitaux. De même, pour réaliser l'unité intellectuelle, il fait adopter dans les lointains villages l'enseignement d'une écriture schématique adaptée au langage tribal des indigènes. En 1949, un amendement est ajouté à la Constitution, qui prévoit qu'un président peut se succéder à lui-même. De cette façon, Tubman peut se représenter à la fin de son premier mandat ; il triomphe de son adversaire Didwe Twe, candidat d'un nouveau parti réformateur. Il demeure à la tête de l'État, jusqu'à sa mort, concentrant peu à peu tous les pouvoirs. Il a dominé la scène économique du Liberia grâce à sa lucidité, à son esprit d'initiative et à son dynamisme créateur. Sa contribution à la cause de l'entente nationale et internationale a été incomparable (conférences de Bandung, d'Accra et de Monrovia).
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Écrit par
- Dominique QUENTIN : maître ès lettres
Classification
Autres références
-
LIBERIA
- Écrit par Encyclopædia Universalis et René OTAYEK
- 5 484 mots
- 6 médias
...Seconde Guerre mondiale coïncident au Liberia avec l'accession à la magistrature suprême d'un homme qui allait marquer profondément l'histoire de son pays : William Vacanarat Schadrach Tubman. Descendant d'une famille originaire de Georgie, fils de pasteur méthodiste, il embrassa tôt la carrière politique et...