WELLMAN WILLIAM (1896-1975)
Comme John Ford, Raoul Walsh et Howard Hawks, William Wellman est l'un de ces pionniers qui ont marqué l'âge d'or du cinéma hollywoodien. À vingt-trois ans, il interprète, au côté du prestigieux Douglas Fairbanks, Knickerbocker Buckaroo. Un an plus tard, en 1920, il est déjà metteur en scène, et sa carrière va se poursuivre, sans aucune interruption, jusqu'en 1958.
Son œuvre est jalonnée de titres fameux, de Ladies of the Mob (1928) et Public Enemy (1931), qui décrit les débuts de la prohibition et la guerre des gangs, à Ox-Bow Incident (1943), dans lequel une petite bourgade westernienne se rend collectivement responsable du lynchage de trois innocents.
De 1930 à 1933, Wellman est l'un des piliers de la Warner Bros, pour laquelle il tourne pendant cette brève période dix-sept films. Il s'y révèle l'un des peintres les plus bouleversants de la dépression américaine. Heroes for Sale, Lilly Turner (1933) et, surtout, Wild Boys of the Road (1933) s'attachent à une Amérique inhabituelle au cinéma, celle des années du krach de 1929, avec ses chômeurs déambulant, affamés, le long des voies ferrées. Cet humanisme se retrouve dans les westerns de Wellman et, plusieurs années avant Broken Arrow (1950) de Delmer Daves, Buffalo Bill (1944) dénonce le génocide du peuple indien. Fasciné par l'épopée et par la grande aventure, Wellman raconte avec le même panache la vie de Joaquín Murieta (The Robin Hood of Eldorado, 1936) et l'odyssée d'un convoi de femmes à travers le Far West (Westward the Women, 1952), l'existence quotidienne des hommes de la Légion étrangère (Beau Geste, 1939) et celle des trappeurs de Across the Wide Missouri (1951).
Ancien pilote du groupe 87 de l'escadrille Lafayette qui combattit les Allemands au cours de la Première Guerre mondiale, Wellman a décrit avec intensité la destinée des hommes en guerre, que ce soit dans Wings (1927), un fabuleux document sur la vie héroïque des pilotes de 1917, dans The Story of G.I. Joe (1945), qui relate la solitude des G.I.'s affrontant en Italie un ennemi implacable, ou encore dans ses derniers films : Darby's Rangers et Lafayette Escadrille (1958).
Peu après, le nouvel Hollywood, livré en partie à la télévision, ne convenait plus à ce géant qui avait dirigé Clark Gable et James Cagney, Gary Cooper et Edward G. Robinson, Wallace Berry et Barbara Stanwyck. Loin du tumulte des studios, William Wellman se pencha alors sur sa carrière pour écrire son autobiographie, A Short Time for Insanity (1974) suivi de Growing Old Disgrace Fully (1975).
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Écrit par
- Patrick BRION : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3
Classification
Média
Autres références
-
WESTERN
- Écrit par Jean A. GILI
- 3 272 mots
- 4 médias
...systématique et le manichéisme simplificateur reculent avec des œuvres qui présentent la conquête de manière de plus en plus critique. Avec Buffalo Bill (1944), William Wellman réalise un film charnière qui, en posant le problème de l'extermination des Indiens, marque le début d'une évolution irréversible....