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WHITELAW WILLIAM (1918-1999)

Le nom de William Whitelaw restera lié dans l'histoire à une étape décisive de la « question d'Irlande ». C'est en effet en grande partie grâce à ses efforts et à l'adresse qu'il a déployée pendant les vingt mois où il a été secrétaire d'État à l'Irlande du Nord que le premier « gouvernement » interconfessionnel a pu s'instaurer en Ulster, au début de l'année 1974.

Né dans une famille de propriétaires terriens anglais, W. Whitelaw a fait ses études universitaires à Cambridge. Après une brève carrière militaire, il s'est consacré à son exploitation agricole de Cumberland puis est entré au Parlement en 1955. Nommé en 1967 secrétaire parlementaire du chancelier de l'Échiquier, il devient ensuite ministre du Travail. En 1964, il est chief whip, c'est-à-dire chargé de la discipline du Parti conservateur à la Chambre des communes. Lorsque les conservateurs arrivent au pouvoir en 1970, il est tout naturellement nommé leader de la Chambre. Personne ne le connaît vraiment lorsqu'il est nommé secrétaire d'État à l'Irlande du Nord au printemps de 1972.

Très vite, il déploie des talents exceptionnels dans l'incroyable confusion de l'Irlande du Nord : ouvrant son bureau à toutes les tendances, il reçoit les protestants modérés et extrémistes, les catholiques du Parti travailliste social-démocrate (S.D.L.P.) et ceux du Sinn Fein, la branche politique de l'I.R.A. Une fois même, il reçoit des représentants de l'I.R.A. « provisoire », qui, à son grand déplaisir, iront ensuite le claironner partout. Il gagne ainsi un potentiel de confiance qu'aucun Anglais, avant lui, n'avait obtenu. Après l'opération Motorman de juillet 1972, qui permet d'arrêter de nombreux militants des « provisoires », il fait publier à l'automne un livre vert, bientôt suivi d'un livre blanc qui reconnaît la « dimension irlandaise » de l'affaire d'Irlande du Nord. C'est un pas hardi pour convaincre les catholiques que « quelque chose va changer ». Les protestants sont furieux, malgré l'assurance que rien ne sera changé aux liens constitutionnels de la province avec Londres « tant que la majorité de la population ne le demandera pas ». Un référendum sur la rectification éventuelle des frontières permet d'ailleurs le 8 mars 1973 à la majorité protestante de réaffirmer ses liens avec la Couronne britannique.

Malgré les menaces et les appels au boycottage des extrémistes catholiques et protestants, Whitelaw décide que les élections municipales auront lieu, comme prévu, le 30 mai, et les élections législatives le 28 juin pour remplacer l'Assemblée législative (Stormont) dissoute par Londres en mars 1972. L'importance de la participation au premier scrutin (76 p. 100) et surtout au second (72 p. 100) prouve le bien-fondé des thèses de Whitelaw qui considère, depuis plusieurs mois, que la majorité de la population ne soutient plus les extrémistes et souhaite le retour à la paix. La nouvelle assemblée offre, grâce à la représentation proportionnelle, une physionomie différente des précédentes : la majorité protestante est scindée en plusieurs groupes, les catholiques modérés sont réunis au sein du S.D.L.P. Après des semaines de tractations, l'exécutif est formé. Whitelaw est nommé le 2 décembre 1973 ministre de l'Emploi du gouvernement Heath, poste qu'il n'occupera qu'un an. Il est président du Parti conservateur en 1974-1975. De 1979 à 1983, il est Home Secretary (ministre de l'Intérieur) dans le cabinet Thatcher. En 1983, celle-ci crée de toutes pièces pour lui la fonction de vice-Premier ministre et, la même année, il est fait pair héréditaire. De 1983 à 1988, il est leader de la Chambre des lords.

— Nicole BERNHEIM

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  • IRLANDE DU NORD ou ULSTER

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    Le nouveau secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, William Whitelaw, s'efforce d'amadouer les extrémistes républicains : les deux ailes de l'I.R.A. ordonnent un cessez-le-feu en mai et juin 1972. Les milices protestantes de l'Ulster Defence Association (U.D.A.) hérissent aussitôt...