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WILLIAMS CHARLES MELVIN dit COOTIE (1908-1985)

À quatorze ans, Charles Melvin, dit Cootie, Williams, qui est né à Mobile, en Alabama, le 24 juillet 1908, commence à pratiquer la batterie. Ce n'est que par la suite qu'il s'intéressera à la trompette et s'inscrira dans la lignée de King Oliver. Il appartient successivement à l'Eagle Eye Shields Band (1925-1926), à l'Alonzo Ross Deluxe Syncopators (1926-1928), à l'orchestre de Chick Webb (trois semaines en 1928, Webb ne pouvant lui assurer un emploi) et à celui de Fletcher Henderson (1928-1929).

S'il est une date qui compte dans la vie artistique de Cootie Williams, c'est bien cette année 1929 où il rencontre Duke Ellington, avec lequel s'instaurera — jusqu'en 1940 — une collaboration de plus de onze ans.

Cootie Williams devient l'indispensable piment du cocktail ellingtonien, dans lequel il prend la succession du roi de la sourdine wa-wa qu'était Bubber Miley. Sa trompette est de tous les grands succès de l'orchestre. Qu'il suffise de citer Rockin' in Rhythm, Double Check Stomp (1930), Echoes of the Jungle (1931), Bundle of Blues (1933), Echoes of Harlem (1936, première pièce à porter le sous-titre de Cootie's Concerto), Caravan (1937), Ridin' on a Blue Note (1938, partition spécialement écrite pour le mettre en valeur), Grievin' (1939), Stormy Weather, Chloe, In a Mellow Tone (1940). On pourra mesurer l'estime dans laquelle le tenait le Duke à la splendeur de la pièce qu'il lui dédia comme cadeau d'adieu, le Concerto for Cootie (1940). Cootie Williams n'atteindra plus que rarement un pareil degré de perfection. La séparation du Duke et de Cootie marquera le monde du jazz, à tel point que Raymond Scott enregistrera When Cootie left the Duke. Pourtant, le succès ne se détourne pas de lui. Il entre comme vedette chez Benny Goodman en 1940 et, en 1942, il crée son propre grand orchestre. Sous la pression des circonstances économiques, il le transforme en une petite formation, fréquemment engagée par le Savoy, le grand dancing de Harlem, dont il devient l'un des musiciens favoris. En 1959, il effectue une tournée européenne. Mais on ne triche pas avec l'essentiel et Cootie regagne en 1962 sa véritable et seule patrie, l'orchestre du Duke. Il y soufflait encore avec une belle énergie en 1971 lorsque l'illustrissime phalange rendit une ultime visite à la capitale française. Cootie Williams quittera l'orchestre du Duke un an après la mort d'Ellington (1974). Il continuera à jouer jusqu'en 1983. Il meurt à New York le 15 septembre 1985.

Prenant la relève de Bubber Miley, Cootie Williams sait tirer de l'instrument une infinie variété de growls, inquiétants bruits souterrains ou poignantes plaintes mi-humaines, mi-animales, qui donnent aux styles wa-wa et jungle leurs luxuriantes couleurs et leur tension dramatique. Usant, selon les cas, d'un vibrato très expressif ou d'un son large et puissant (sans sourdine), il se montre rageur dans l'attaque et véhément dans l'envolée lyrique. Articulant ses phrases avec une grande précision, il révèle souvent des dons de délicatesse et de poésie insoupçonnés. Lorsqu'il chante, c'est à la manière de Louis Armstrong. L'expressivité de son jeu lui vaut de nombreux imitateurs qui n'ont guère réussi qu'à s'enliser dans le maniérisme sans atteindre la véritable grandeur de ce parfait musicien.

— Pierre BRETON

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  • ELLINGTON DUKE - (repères chronologiques)

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