Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BRANDT WILLY (1913-1992)

L'engagement politique

Après l'effondrement du IIIe Reich, il est envoyé comme journaliste au Tribunal militaire international de Nuremberg et devient attaché de presse à la mission norvégienne à Berlin. En 1946, il refuse le poste de maire de Lübeck. En 1947, il retrouve la nationalité allemande et décide de s'engager dans la politique de son pays natal. En 1948, le S.P.D. le charge d'assumer à Berlin la liaison avec les Alliés. Dès 1949, il représente l'ancienne capitale au Bundestag, à Bonn, comme député fédéral et entre également à la Chambre des députés de Berlin-Ouest en 1950. Malgré les luttes entre les différents courants du S.P.D. berlinois, qu'il préside de 1958 à 1962, il sera successivement président de la Chambre des députés (1955-1957) et maire-régnant de Berlin-Ouest (1957-1966). Les menaces soviétiques contre Berlin-Ouest et la construction du Mur de Berlin, à partir du 13 août 1961, font de Willy Brandt une personnalité mondialement connue.

John F. Kennedy à Berlin, 1963 - crédits : Keystone/ Getty Images

John F. Kennedy à Berlin, 1963

Construction du Mur de Berlin, 1961 - crédits : National Archives

Construction du Mur de Berlin, 1961

Converti à la social-démocratie de type scandinave, il contribue à la rénovation idéologique du S.P.D. qui se donne un nouveau programme lors du congrès de Bad Godesberg en 1959 (abandon du marxisme-léninisme). Candidat à la chancellerie en 1961 et en 1965, il annonce qu'il ne briguera plus la direction du gouvernement fédéral. La crise de la coalition entre chrétiens démocrates et libéraux débouche sur la mise en place d'une grande coalition des chrétiens démocrates avec le S.P.D., Willy Brandt étant ministre des Affaires étrangères (1966-1969). Chancelier du gouvernement S.P.D, avec les libéraux (1969-1974), il veut « oser plus de démocratie » et réformer la société allemande. Il signe de nombreux accords avec la R.D.A. et les pays de l'Est. La photo de son agenouillement devant le monument du ghetto de Varsovie est diffusée dans le monde entier ; il reçoit le prix Nobel de la paix en 1971. Il connaît cette même année un véritable triomphe électoral. Trahi par un de ses collaborateurs directs (l'espion Günther Guillaume au service de la R.D.A.) et déstabilisé par la crise économique due au premier choc pétrolier, il démissionne au début de mai 1974. Même après avoir quitté le pouvoir, il est resté une des figures de proue de la politique allemande, car il a conservé la présidence du S.P.D. jusqu'en 1987 et n'a cessé d'intervenir dans les grands problèmes internationaux de notre temps, comme président de l'Internationale socialiste (1976-1992) et président de la commission Nord-Sud. En 1989-1990, il est au sein du S.P.D. un des plus ardents partisan de l'unité allemande. Il a épousé successivement deux Norvégiennes et une Allemande, Brigitte Seebacher : il a eu quatre enfants. Il est décédé à soixante-dix-neuf ans, le 8 octobre 1992, des suites d'un cancer. Un hommage national lui a été rendu au Reichstag à Berlin, en présence des plus hautes personnalités de nombreux pays étrangers. Sans renoncer à son identité allemande, Willy Brandt a su être un Européen engagé, un militant de la paix et un véritable citoyen du monde. Il a grandement contribué à réconcilier les Allemands avec leur histoire et à accroître le prestige international de l'Allemagne.

— Henri MÉNUDIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Médias

Campagne électorale de Willy Brandt, 1961 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Campagne électorale de Willy Brandt, 1961

John F. Kennedy à Berlin, 1963 - crédits : Keystone/ Getty Images

John F. Kennedy à Berlin, 1963

Construction du Mur de Berlin, 1961 - crédits : National Archives

Construction du Mur de Berlin, 1961

Autres références

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par et
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...gouvernement de « grande coalition » du chancelier Georg Kiesinger – avec pour vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères le social-démocrate Willy Brandt – modifiait, il est vrai, sensiblement la situation. La « nouvelle politique à l'Est » ( Ostpolitik) de la R.F.A. visait à établir...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par et
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...après avoir été député à Bonn, puis chef du gouvernement de Bade-Wurtemberg, a été choisi par son parti pour devenir chancelier en 1966. Son successeur Willy Brandt s'était tout d'abord fait connaître en Allemagne et sur le plan international par ses responsabilités de maire régnant de Berlin-Ouest. ...
  • OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)

    • Écrit par , , et
    • 16 223 mots
    • 11 médias
    De plus, le 21 octobre 1969, les élections allemandes portaient au pouvoir Willy Brandt. Non seulement il s'efforça d'utiliser le terme de « détente » que ses prédécesseurs avaient toujours évité, mais de lui donner un contenu concret : traités germano-soviétique et germano-polonais, rencontre avec...
  • SCHMIDT HELMUT (1918-2015)

    • Écrit par
    • 800 mots
    • 1 média

    Cinquième chancelier (1974-1982) de la république fédérale d'Allemagne. Né à Hambourg, d'un père professeur puis directeur d'école, Helmut Schmidt fait ses études secondaires à la célèbre Lichtwarkschule de la ville hanséatique et passe son baccalauréat en 1937. Il ne reprendra ses études que dix...