RIZZO WILLY (1928-2013)
Eros Willy Rizzo naît à Naples le 22 octobre 1928 au sein d'une famille de la haute magistrature italienne. L'enfant unique grandit à Paris avec sa mère qui ambitionne pour son fils une carrière de juriste. Avec l'appareil Agfa Box reçu pour ses douze ans, Willy Rizzo commence par réaliser des portraits payants de ses condisciples du lycée italien de la rue Sédillot et décide bientôt d'abandonner ses études pour devenir photographe professionnel. Après un court stage dans un laboratoire photographique, il propose ses services d'assistant à l'un des photographes du studio Harcourt. Habile dans son travail, le jeune homme se fait bientôt embaucher par le studio des frères Nicolini, place Blanche, qui fournit des images à la revue Ciné-Mondial spécialisée dans le milieu des vedettes de cinéma. L'achat d'un appareil Rolleiflex lui assure dès 1944 une autonomie précoce. Âgé d'à peine seize ans, Willy Rizzo parvient à se faire ouvrir les portes des studios de cinéma de Boulogne-Billancourt. France Roche, jeune rédactrice en chef de Ciné-Mondial, lui commande ses premiers reportages et portraits mondains, jusqu'à ce qu' il accepte la proposition de travailler pour Images du monde. Devenu reporter d'actualité, Rizzo intègre la même année l'équipe du tout nouveau Point de vue et s'envole pour la Tunisie afin de photographier les vestiges des combats de la Seconde Guerre mondiale sur la ligne Mareth. Cette période dominée par l'actualité historique se clôt avec le reportage réalisé en 1945 à l'occasion du procès de Nuremberg.
Dès 1946, Max Corre, qui vient de créer France-Dimanche, envoie Willy Rizzo à Cannes pour la première édition du festival international de cinéma. Ses dix-huit ans et sa facilité de contact valent au jeune photographe de guerre de gagner l'amitié durable des artistes dont il vient de faire le portrait. Willy Rizzo accepte alors l'offre de l'agence de presse américaine Black Star de photographier aux États-Unis tout ce qui pourrait étonner un public européen, de la restauration et du cinéma en drive-in aux cowboys et aux actrices d'Hollywood qui font rêver le monde entier rendu à la paix. Les acteurs Gregory Peck et Anne Baxter, le cinéaste Billy Wilder et le décorateur Alexandre Trauner inaugurent un ample panthéon de célébrités de l'écran. Par la suite, il photographiera notamment des personnalités de la mode (Yves Saint Laurent, Christian Dior ou Coco Chanel), de la danse (Maurice Béjart), de l'opéra (Maria Callas), ainsi que des écrivains et des artistes (Françoise Sagan, Eugène Ionesco, Pablo Picasso ou Salvador Dalí). À Paris, Jean Prouvost qui vient de recevoir l'autorisation de créer Paris-Match invite Rizzo, réputé familier avec la photographie en couleur, à faire partie de son équipe. Présent dès le premier numéro de 1949, dont il signe la couverture avec un portrait de Winston Churchill, Willy Rizzo poursuit son activité de photojournaliste jusqu'en 1954. Il réalise notamment en 1952 un vaste reportage sur la guerre d'Indochine.
Son territoire de prédilection se resserre sur la photographie de mode et sur ce qu'on n'appelle pas encore les « people », où il fait preuve d'un style à la fois classique et inventif. Willy Rizzo intègre en 1954 l'équipe du magazine Marie-Claire dont il deviendra le directeur artistique jusqu'à ce qu'Alexander Liberman, le directeur new-yorkais de Vogue, lui propose en 1959 de collaborer pour l'édition française du prestigieux magazine. L'année suivante, Willy Rizzo épouse en deuxième noce l'actrice Elsa Martinelli.
Les changements qui marquent le monde de la haute couture au cours des années 1960 conduisent Willy Rizzo à réduire son activité de photographe tout en maintenant une activité de portraitiste pour [...]
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Écrit par
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
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