WISIGOTHS ou VISIGOTHS
La « phase gauloise » (412-507)
À l'issue de quelques tentatives sans lendemain pour s'établir en Espagne et passer en Afrique du Nord, les Wisigoths, pour la première fois depuis leur départ d'Ukraine, se stabilisèrent dans le sud-ouest de la Gaule, où un foedus leur fut octroyé par Rome. C'est alors que se forma le « royaume de Toulouse », organisé par le roi wisigothique Théodoric Ier (418-451), qui périt aux champs Catalauniques en combattant les Huns aux côtés des Romains, des Francs et des Burgondes. Le roi Euric (466-484) poursuivit son œuvre, violant à plusieurs reprises le foedus afin d'agrandir son royaume dont les frontières furent repoussées jusqu'à la Loire et à l'Auvergne – la Septimanie (Languedoc-Roussillon) et la Novempopulanie (Gascogne-Béarn) ayant été conquises depuis 462 –, tandis que Rome confirmait le protectorat wisigothique sur l'ancienne province de Tarraconaise (Catalogne), en Espagne. C'était sans compter avec Clovis et les Francs qui, en 507, défirent à Vouillé les Wisigoths et leur roi Alaric II (484-507), « libérant » ainsi l'Aquitaine.
Il était tentant de rechercher en Aquitaine et en Septimanie les traces archéologiques laissées par les Wisigoths au cours de leur long séjour, que ce soit dans les campagnes, où ils bénéficièrent du régime de l'« hospitalité » (octroi des deux tiers des terres où ils s'établirent), ou dans les villes (leurs capitales de Toulouse et de Bordeaux ayant été, selon les récits contemporains, de brillants foyers de civilisation). Jusqu'à une époque relativement récente, on a eu tendance à leur attribuer l'ensemble des objets découverts dans les cimetières « barbares » du sud-ouest de la France, et notamment les très belles garnitures de ceinture de bronze rencontrées en grand nombre dans ces régions. Certaines recherches ont en fait démontré que ces objets étaient postérieurs au départ des Wisigoths et devaient donc être rapportés à l'artisanat de l'Aquitaine devenue franque. On a également voulu attribuer un peu rapidement aux Wisigoths, parce qu'elles étaient censées appartenir au ve siècle, quelques rares fibules de type « gothique » découvertes en Aquitaine (G. Koenig, 1980), alors que leur chronologie s'avère plus ouverte et que leur stricte interprétation ethnique demeure douteuse (M. Kazanski, 1983).
Il faut donc se résoudre à admettre, dans l'état actuel des connaissances, que, durant leur séjour aquitain et septimanien qui a duré près d'un siècle, les Wisigoths ne se sont distingués des populations indigènes gallo-romaines ni par des coutumes funéraires propres, ni par une culture matérielle spécifique. Comme les Burgondes, au temps de l'indépendance de leur second royaume en Gaule (443-534), les Wisigoths vécurent « à la romaine », aussi bien dans les villes que dans les domaines ruraux où ils s'étaient répartis, n'ayant sans doute conservé à l'issue de leurs pérégrinations que de rares objets d'origine gothique, dont il n'est pas étonnant qu'ils échappent à l'enquête archéologique. L'archéologie confirme donc ici l'histoire, cette dernière témoignant de la romanisation politique et administrative des Wisigoths en Gaule qui, comme plus tard les Ostrogoths en Italie, demeurèrent des minorités dominantes et bien vite acculturées.
On a encore tenté de reconnaître les sanctuaires wisigothiques, enquête vouée à l'échec puisque les lieux de culte de l'arianisme n'avaient pas, comme on le sait, de dispositions architecturales ou liturgiques différentes de celles des églises catholiques. Il est par contre indéniable, ainsi qu'on l'a bien mis en évidence (E. James, 1977), que l'intermède wisigothique favorisa dans le sud-ouest de la Gaule la survivance brillante de la culture romaine tardive[...]
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Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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