WISIGOTHS ou VISIGOTHS
La « phase espagnole » (507-711)
Au lendemain de la défaite de Vouillé (Vienne) en 507, la plupart des Wisigoths quittèrent l'Aquitaine pour l'Espagne, ne conservant en Gaule que l'ancienne Septimanie romaine (Languedoc-Roussillon). La péninsule Ibérique ne leur était pas étrangère puisqu'ils avaient déjà tenté de s'y installer au début du ve siècle, et qu'ils contrôlaient, depuis la seconde moitié de ce siècle, la Catalogne (ancienne province romaine de Tarraconaise). Les Wisigoths se regroupèrent dans le centre de l'Espagne, en Vieille-Castille, où le « royaume de Tolède » prit la succession de celui de Toulouse, dont il conserva l'essentiel des structures politiques et administratives, fortement marquées par l'empreinte de Rome. Il faut noter que les Ostrogoths, établis en Italie depuis 489, apportèrent alors un soutien décisif à leurs parents wisigothiques lors des premiers temps de leur « phase espagnole » : ils évitèrent ainsi le pire lors de la menace franque de 541 et des tentatives de reconquête par les Byzantins, notamment sous le règne de Justinien (527-565). Tandis que l'Italie ostrogothique s'effondrait (à partir de 552), mettant un terme à son influence en Espagne, le nouveau royaume wisigothique, devenu solide, étendit ses limites à l'ensemble de la péninsule Ibérique : le royaume suève (nord-ouest de l'Espagne) fut annexé en 585 et les réduits byzantins peu à peu supprimés au début du viie siècle (les Wisigoths ayant même pris pied en Afrique du Nord, à Ceuta, afin de contrôler le détroit de Gibraltar). L'Espagne wisigothique, qui avait abandonné en 587 l'arianisme à l'initiative de son roi Reccarède, connut alors une période de civilisation brillante (œuvre d'Isidore de Séville), stimulée par un nationalisme sans égal dans les autres royaumes « barbares » d'Occident. Des difficultés dynastiques, liées à des troubles sociaux et même raciaux (les Juifs étant accusés d'être des agents de l'Islam), favorisèrent en 711 la conquête de l'Espagne par les Arabes et consommèrent les deux siècles d'existence du second royaume wisigothique. Durant ces deux siècles, la Septimanie ne fut pas un trait d'union entre l'Aquitaine franque et l'Espagne wisigothique, mais contribua, au contraire, à les isoler, coupant le sud-ouest de la Gaule de la Méditerranée.
Alors que les Wisigoths n'avaient pas laissé, semble-t-il, de traces archéologiques spécifiques lors de leur séjour dans le sud-ouest et le midi de la Gaule, leur installation en Espagne s'accompagna de manifestations diverses (également constatées en Septimanie) dont on a pu retrouver les vestiges ; ils pratiquèrent notamment l'inhumation habillée, parfois complétée par un dépôt de vaisselle. On ne peut manquer de s'interroger sur les facteurs qui présidèrent à la réapparition de cette mode funéraire, apparemment abandonnée par les Wisigoths depuis leur départ d'Ukraine en 375. Deux facteurs paraissent avoir été ici déterminants : d'une part, un contact avec des populations rurales ibéro-romaines qui avaient en partie conservé ces coutumes (ce qui n'était plus le cas pour les populations gallo-romaines d'Aquitaine au ve siècle) ; d'autre part, bien qu'on les ait minimisées, les relations suivies, durant un demi-siècle, avec les Ostrogoths dont on sait que certaines couches de la population (femmes de l'aristocratie) pratiquaient l'inhumation habillée. Cette dernière influence, après le hiatus archéologique gaulois du ve siècle, est d'autant plus plausible qu'elle explique les parallèles existant durant la première moitié du vie siècle entre les modes vestimentaires féminines et les types d'objets de parure des Ostrogoths en Italie et des Wisigoths en Espagne[...]
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Écrit par
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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