WIT, littérature
Les théoriciens de l'humour ne pardonneront jamais au wit sa brillance froide, son air noble et insolent, sa façon de chatouiller l'esprit en mettant hors de combat les émotions. Toutefois, le sourire léger qui accompagne la découverte d'une nouvelle relation entre deux idées (pure wit), entre une idée et un mot (mixt wit) ou entre deux mots (false wit dans la terminologie d'Addison cité par Mavrocordato), peut procurer autant de plaisir que le mouvement irrésistible du rire. Le wit opère par des procédés tels que l'hyperbole, le paradoxe, l'antithèse, la métaphore ou le calembour. L'histoire du concept illustre parfaitement le rapport ambigu du poète à l'imagination, à l'originalité, à l'ingéniosité : il les regarde tantôt comme qualité essentielle de la création (telle est la position d'Aristote pour qui l'esprit équivaut à l'habileté de trouver des comparaisons saillantes), tantôt il les considère avec une extrême méfiance et l'accuse de légèreté, voire d'immoralité.
Après avoir contribué, sous le nom d'ingenio, à la brillance du style baroque de Góngora, de Marino ou de Gracián, après avoir nourri, sous forme de concetti, la poésie métaphysique anglaise, la valeur esthétique du wit sera de plus en plus discutée (cf. l'intervention de Dryden et la querelle de la comedy of humours et de la comedy of wit autour de 1660). Le bel esprit des salons précieux en France tombe en discrédit vers la fin du xviie siècle. La Bruyère lui reproche l'abus du paradoxe, alors que La Rochefoucauld essaie de réhabiliter cet outil acéré de l'intellect. Depuis Freud, son rapport avec l'inconscient a de nouveau consacré le Witz.
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Écrit par
- Véronique KLAUBER : auteur
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