SOYINKA WOLE (1934- )
Le poète et le romancier
Condamné sous prétexte d'activités pro-biafraises, Soyinka a tiré un ouvrage, The Man Died (1972 ; Cet homme est mort, 1986) de ses vingt-cinq mois de cellule individuelle. Ses recueils de poèmes, A Shuttle in the Crypt (1972 ; Navette dans la crypte) et Poemsfrom Prison (1969 ; Poèmes de prison), complètent, sur le mode de l'accusation, les pièces plus lyriques contenues dans Idanre and OtherPoems (1967 ; Idanre et autres poèmes) ou OgunAbibiman (1977).
Soyinka propose, dans Myth, Literature and the African World (1976 ; Mythe, littérature et monde africain), une perspective critique éclairante de la littérature africaine. Mais son talent multiforme éclate davantage dans le roman : traducteur de The Forest of a ThousandDemons, roman « traditionnel » de D. O. Fagunwa (1976 ; La Forêt des mille démons), il est l'auteur de The Interpreters(1965 ; Les Interprètes, 1979), dans lequel un groupe de jeunes intellectuels tente de faire triompher l'idéalisme aux dépens de la corruption. Season of Anomy (1973 ; Une Saison d'anomie, 1987) met en scène, selon une écriture fragmentée, parfois joycienne, l'expérience individuelle aux prises avec un contexte social changeant. Wole Soyinka est également l'auteur de récits autobiographiques : Ake (1981 ; Aké, les années d'enfance, 1993) et Isara (1989, trad. 1993).
Soyinka, le plus important des dramaturges africains, ne laisse pas d'étonner par son expérimentation hardie, qui tente de concilier l'esthétique africaine et les modèles européens ; son engagement va de pair avec son souci artistique, et son influence s'étend bien au-delà des frontières de son pays. Il obtient, en 1986, le prix Nobel de littérature.
Cette distinction ne suffira pas à le protéger contre le régime nigérian, qui supporte mal ses interventions politiques. Contraint une nouvelle fois à l'exil, Wole Soyinka est condamné à mort en 1997. Amnistié l'année suivante, il regagne alors son pays.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel FABRE : professeur émérite
Classification
Média
Autres références
-
AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures
- Écrit par Jean DERIVE , Jean-Louis JOUBERT et Michel LABAN
- 16 566 mots
- 2 médias
Au théâtre, sans doute plus anciennement implanté qu'en Afrique francophone, J. P. Clark exprime un sentiment tragique de l'absurde, tandis que Wole Soyinka mêle anglais et pidgin, tradition dramatique yoruba et techniques scéniques occidentales pour évoquer, par un symbolisme nuancé, le conflit... -
LA DANSE DE LA FORÊT, Wole Soyinka - Fiche de lecture
- Écrit par Denise COUSSY
- 837 mots
- 1 média
Écrite à l'occasion des cérémonies de l'indépendance du Nigeria en 1960, la première pièce du dramaturge nigérian Wole Soyinka, La Danse de la forêt, est un texte qui, pour une œuvre de commande, témoigne d'une étonnante liberté de ton et d'esprit.
-
NIGERIA
- Écrit par Daniel C. BACH et Encyclopædia Universalis
- 11 718 mots
- 18 médias
...sécurité physique des personnalités jugées hostiles au régime. Nombre d'entre elles entreprennent de regagner le Nigeria, tel le Prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, dont le geste s'avère décisif étant donné son autorité morale. Au début d'octobre, le programme de transition démarre : le dépôt... -
POSTCOLONIALES ANGLOPHONES (LITTÉRATURES)
- Écrit par Jean-Pierre DURIX et Vanessa GUIGNERY
- 9 074 mots
- 5 médias
Sur l'ancien continent, le Nigérian Wole Soyinka (né en 1934) fonde un véritable théâtre africain en réinterprétant les mythologies yorouba à la lumière de Nietzsche, de T. S. Eliot et du drame religieux, dans des pièces telles que A Dance of the Forests (1960 ; La Danse de la forêt...