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FORTNER WOLFGANG (1907-1987)

Né à Leipzig le 12 octobre 1907, le compositeur allemand Wolfgang Fortner est élevé dans la rigueur de la tradition musicale protestante, travaillant l'orgue avec Karl Straube, le cantor de Saint-Thomas, la composition avec Hermann Grabner et la musicologie avec Theodore Kroyer. Parallèlement, il étudie la philosophie à l'université et compose ses premières cantates dès 1928 (4 Marianische Antiphonen).

En 1931, il est nommé professeur de composition et de théorie musicale à l'Institut de musique sacrée de Heidelberg. Dans cette même ville, il fonde en 1935 un orchestre de chambre et, en 1947, avec Karl Amadeus Hartmann, une série de concerts de musique contemporaine, à l'image de ceux de Munich, Musica Viva, dont il partagera la direction avec Ernst Thomas à la mort de Hartmann en 1964.

En 1946, Fortner est nommé professeur à Darmstadt, en 1956 à la Nordwestdeutsche Musikakademie de Detmold et, en 1957, à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau, où il enseigne jusqu'en 1972. À partir de 1961, il anime des séminaires de composition au Berkshire Music Centre de Tanglewood (États-Unis), puis au Brésil. En 1955, il est élu à la tête de la section musicale de l'Académie des arts de Berlin et membre de l'Académie des beaux-arts de Bavière. Entre 1957 et 1971, il exerce les fonctions de président de la section allemande de la Société internationale de musique contemporaine (S.I.M.C.). Considéré comme l'une des figures les plus importantes du monde musical allemand, il avait reçu le prix Schreker (Berlin, 1948), le prix Spohr (Brunswick, 1953), le Grosse Kunstpreis (Nord-Rhein Westphalie, 1955), le prix Bach (Hambourg, 1960) et était docteur honoris causa des universités de Heidelberg et de Fribourg. Il meurt à Heidelberg le 5 septembre 1987.

Le chemin esthétique de Fortner est l'un des plus complets qu'ait pu effectuer un compositeur du xxe siècle. Élevé à Leipzig dans une tradition issue du romantisme et marquée par le renouveau de la musique chorale à la fin du xixe siècle, il refuse cette orientation et se tourne d'emblée vers les formes baroques et prébaroques en pratiquant un style très contrapuntique dans lequel reste toujours présente une certaine notion de tonalité (Concerto pour orgue, 1932, révisé en Concerto pour clavecin, 1935, Quatuors nos 1 et 2, 1929 et 1938). Puis il se tourne vers une écriture néo-classique marquée par Igor Stravinski et Paul Hindemith : tout en conservant un contrepoint rigoureux, son style s'enrichit d'un sens rythmique très fort. Cette période transitoire va le mener au dodécaphonisme, qu'il adopte vers 1945-1947 : recherches de couleurs, harmonies très denses (Symphonie, 1947 ; An die Nachgeboren, cantate sur un texte de Brecht, 1947 ; Quatuor no 3, 1948).

Cette dernière phase va donner naissance à ses plus grandes œuvres. Procédant de la même façon qu'Olivier Messiaen à la fin des années 1940, il élargit le dodécaphonisme à tous les paramètres de la musique, tout en conservant une grande souplesse d'écriture. Il approfondit ses recherches dans le domaine des modes et prolonge, dans une certaine mesure, l'approche de Max Reger. Il touche aussi à l'aléatoire, à l'électronique (Gladbacher Te Deum, 1973) et au collage (Carmen, ballet d'après Bizet, 1971). Il parvient ainsi à éviter le piège d'une écriture dodécaphonique austère et c'est surtout dans le domaine théâtral qu'il met en valeur les différentes facettes de son art : le ballet Die weisse Rose, d'après Oscar Wilde (1950), deux opéras d'après Federico García Lorca, Bluthochzeit (Noces de sang, 1957-1963) et Don Perlimplin (1962), un opéra historique, Elizabeth Tudor (1971), et That Time d'après Samuel Beckett (1977). Dans le domaine symphonique, la Phantasie über Bach pour deux pianos et orchestre (1950) marque[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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