SCHNEIDERHAN WOLFGANG (1915-2002)
Figure emblématique de l'école de violon autrichienne, une école qui a surtout formé de remarquables chambristes et instrumentistes d'orchestre, Wolfgang Schneiderhan est l'un des rares à avoir mené en outre une grande carrière de soliste. Pour certains, il fut le partenaire de Wilhelm Kempff, pour d'autres le mari de la soprano Irmgard Seefried. Mais, en Autriche, il était considéré comme une personnalité fondamentale du violon.
Wolfgang Schneiderhan naît à Vienne le 28 mai 1915. Sa mère lui donne les bases de sa formation musicale et il commence une carrière d'enfant prodige, donnant son premier concert à l'âge de cinq ans. Il travaille avec Otakar Ševčik à Pilsen (1922-1928) puis avec Julius Winkler à Vienne. Il fait ses débuts à l'étranger à l'âge de onze ans, dans le Deuxième Concerto, en mi mineur, de Mendelssohn à Copenhague. Lorsque sa famille séjourne à Londres, entre 1929 et 1932, il se produit aux côtés d'artistes tels que Fedor Chaliapine, Lotte Lehmann ou Paul Robeson. Il entre à l'Orchestre symphonique de Vienne comme premier violon solo (1933-1937) avant d'occuper la même fonction à l'Orchestre philharmonique de Vienne (1937-1950). En 1938, il fonde, avec d'autres instrumentistes de l'Orchestre philharmonique de Vienne, un quatuor à cordes qui porte son nom et qui sera dissous en 1951.
La carrière de Wolfgang Schneiderhan prend un tournant à la fin des années 1940, lorsqu'il commence à travailler régulièrement en trio avec le pianiste Edwin Fischer et le violoncelliste Enrico Mainardi. Il abandonne progressivement l'orchestre pour se consacrer uniquement à une carrière de soliste et à la musique de chambre, qu'il pratique notamment avec les pianistes Wilhelm Kempff, Wilhelm Backhaus et Carl Seeman, plus tard avec Walter Klien. En 1953, il joue pour la première fois avec l'Orchestre philharmonique de Berlin (le Concerto pour violon de Beethoven, sous la direction de Wilhelm Furtwängler), prélude à une longue collaboration avec cette illustre formation. En 1956, il participe, avec Rudolf Baumgartner, à la fondation du Festival Strings Lucerne, un ensemble d'une douzaine de jeunes instrumentistes à cordes qui se renouvellent régulièrement et avec lesquels il se produit. En peu de temps, on compare le nouvel ensemble à I Musici, aux Solistes de Zagreb d'Antonio Janigro ou à l'Orchestre de chambre de Stuttgart de Karl Münchinger. Le soliste s'impose comme un grand spécialiste de Mozart, dans la tradition viennoise. Mais il est aussi un fervent défenseur de la musique de son temps ; Hans Werner Henze et Frank Martin écrivent à son intention et à celle de son épouse Irmgard Seefried deux œuvres originales pour soprano, violon et orchestre : le premier Ariosi (1963), le second Maria Triptychon (1968). Il joue et crée également des œuvres de Rolf Liebermann (Capriccio, pour soprano, violon et orchestre, 1959), Karl Amadeus Hartmann et Boris Blacher.
Schneiderhan a notamment enseigné au Mozarteum de Salzbourg (1936-1956), à l'Académie de musique de Vienne (1939-1951) et au Conservatoire de Lucerne (à partir de 1949, où il succède à Carl Flesch et Georg Kulenkampff). Parmi ses élèves, on compte de nombreux chambristes comme Bohuslav Matoušek, premier violon du Quatuor Stamic, ou Hae-Sun Kang, membre du Quatuor à cordes de l'Ensemble InterContemporain. Dans les années 1970, il s'intéresse à la direction d'orchestre : il dirige notamment des représentations de Notre-Dame de Franz Schmidt à la Volksoper de Vienne en 1976. Mais il n'abandonne pas son instrument et, en 1981, il forme un nouveau trio avec le pianiste Paul Badura-Skoda et le violoncelliste Boris Pergamenschikov. Il joue pour la dernière fois en public en 1987, à Berlin (le Concerto pour violon de Frank Martin). En 1992, il fonde le concours Kreisler,[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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