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WOLFRAM D'ESCHENBACH (1170 env.-env. 1220)

Wolfram, chevalier bavarois, est un des grands poètes qui ont présenté aux milieux courtois allemands la matière d'œuvres françaises, selon une technique (l'« adaptation courtoise ») qui respecte les structures narratives mais joue sur l'originalité de la mise en œuvre. Son Parzival est une adaptation du Percevalde Chrétien de Troyes, son Willehalm, une adaptation de La Bataille d'Aliscans, partie de la geste de Guillaume d'Orange.

L'adaptateur de Chrétien de Troyes

Les seuls renseignements biographiques que l'on possède sur Wolfram sont ceux que l'on peut tirer de son œuvre. Il cite la seigneurie de Wildenberg, dans l'Odenwald (il traduit Weldenberg en français pour désigner le château du Graal : Munsalvaesche), puis la cour de Hermann de Thuringe. Dans le Parzival, il fait allusion à des événements qui ont eu lieu en 1203-1204 (le siège d'Erfurt lors de la guerre opposant Philippe de Souabe au landgrave de Thuringe, le pillage de Constantinople par les croisés) ; dans Willehalm, il regrette la mort de Hermann survenue en 1217.

Wolfram s'attache d'abord à adapter un texte français, Perceval, ou le Conte del Graalde Chrétien de Troyes, roman inachevé et, qui plus est, roman à deux personnages : Perceval, puis Gauvain. Il conserve la structure générale du récit, mais, de sa propre autorité, il ajoute à la matière qu'il tient de Chrétien le prologue, histoire des aventures orientales du père du héros, Gahmuret ; elles introduisent un monde nouveau, le monde de la chevalerie païenne, égale en qualités chevaleresques, supérieure en richesses à la chevalerie arthurienne, encore qu'inférieure, selon la conception chrétienne, par l'absence du baptême. Gahmuret meurt victime de ses aventures en Orient. Sa veuve, Herzeloyde, se retire du monde et élève son fils, Parzival, dans l'ignorance de la chevalerie. Ici, le récit de Wolfram se raccorde à celui de Chrétien qu'il suit fidèlement. Au centre du roman français, il y a un motif mystérieux, celui du château où Perceval est reçu par un roi infirme. Il assiste à une procession étrange, voit passer une lance qui saigne, puis un vaisseau d'or, un « graal ». À son réveil, le lendemain, le château est vide. Il apprendra que, s'il avait posé une question, une seule, le roi aurait été guéri et le château délivré d'une malédiction qui pèse sur lui. Ses exploits, réalisés grâce à ses qualités innées, lui valent d'être admis à la cour d'Arthur ; une messagère du Graal apparaît qui le maudit : il repart à la quête du Graal. Dans la suite du roman français, un ermite, l'oncle de Perceval, lui révèle que, s'il a été mal inspiré au château du Graal, c'est qu'il expiait le péché qu'il a commis lorsqu'il quittait sa mère : il l'a vue tomber, pâmée de douleur à son départ, et ne lui a pas porté secours. Perceval se confesse, reçoit l'absolution et repart pour de nouvelles aventures. Soucieux de rendre son récit plus courtois et de faire de son héros le modèle parfait du chevalier, Wolfram voile le motif du péché et du même coup celui de l'absolution. De plus, il se représente une communauté de chevaliers voués par Dieu au service du Graal.

Parzival reprend sa quête ; pendant ce temps, le premier plan est occupé par les aventures de Gauvain telles qu'elles figurent chez Chrétien. Alors commence la partie entièrement due à l'imagination de Wolfram. La supériorité du héros sur tous les autres chevaliers ne fait que s'accroître. Il ne trouve qu'un seul adversaire à sa taille, son demi-frère Feirefiz, dont la mère était une reine orientale. Ici intervient la grâce divine : la messagère reparaît et Parzival est appelé au château du Graal. Il pose la question qui guérit le roi. Celui-ci abdique et Parzival est acclamé roi du Graal, avec son[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître de conférences à la faculté des lettres d'Amiens

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