WOLFRAMITE

Oxyde de tungstène, la wolframite est l'un des principaux minerais de tungstène, élément encore appelé wolfram, d'où le nom du minéral. Elle se caractérise par des cristaux tabulaires, aux faces souvent striées et à l'éclat métallique. Le clivage basal parfait dessine des lames de taille pluricentimétrique qui s'assemblent en agrégats lamellaires.

formule : (Fe,Mn)WO₄ ;

système : monoclinique ;

dureté : 4-5,5 ;

poids spécifique : 7-7,5 ;

éclat : de semi-métallique à métallique, jusqu'à adamantin et résineux selon la teneur relative en fer et en manganèse ;

transparence : de translucide à opaque ;

cassure : quelconque.

La wolframite est le minéral le plus commun d'une série d'oxydes de tungstène dont les termes extrêmes sont représentés par la ferbérite (FeWO₄) et la hübnérite (MnWO₄) ; tous les intermédiaires contenant à la fois du fer et du manganèse sont appelés wolframite. Dans tous les cas, la teneur en oxyde de tungstène (WO_x) est de l'ordre de 76 p. 100. La ferbérite constitue des encroûtements de petites lames noires trapues, la hübnérite est translucide et brune en fines esquilles ; la couleur de la wolframite varie de brun-noir à brun rougeâtre.

Ces minéraux apparaissent dans des filons de quartz de hautes ou de moyennes températures, au sein de granites enrichis en solutions pegmatitiques ou dans leurs auréoles métamorphiques. En raison de leur bonne résistance physico-chimique, ils subsistent dans les zones d'altération (greisens) des filons pneumatolytiques ou peuvent se concentrer en dépôts secondaires de type placer.

Des gisements importants sont connus aux États-Unis (régions de Boulder dans le Colorado, de Fredericktown dans le Missouri, de Lincold dans le Nebraska, Townsville en Caroline du Nord...). Mais les plus beaux échantillons proviennent du Portugal et de Bolivie. Au Portugal, de magnifiques cristaux (jusqu'à 20 centimètres), en association avec l'arsénopyrite et l'apatite, sont extraits à Panasqueira. En Bolivie, des cristaux tabulaires décimétriques, bidéterminés, implantés sur des cristaux de quartz hyalin, proviennent des mines de la région de Llallagua. D'autres sites sont connus dans le monde : à Kurasawa au Japon, à Pasto Bueno et à Mondo Nuevo au Pérou, dans les monts Métallifères (Erzgebirge) de Bohême, en Chine (gisements alluvionnaires), en Corée du Sud... En France, de la wolframite en de grandes lames cristallines décimétriques a été trouvée à Puy-les-Vignes (Haute-Vienne) ; elle a été signalée à Montbelleux (Ille-et-Vilaine), à Meymac (Corrèze) et dans le gisement des Colettes (Allier).

Au début du xx^e siècle, la wolframite était considérée comme une impureté dans l'exploitation du minerai d'étain, la cassitérite (SnO₂), auquel elle est souvent associée. Mais très vite, son importance économique s'avéra de premier ordre avec les avancées technologiques qui utilisèrent au mieux ses propriétés physico-chimiques. D'abord, elle servit pour la fabrication des filaments de lampe électrique, le point de fusion du tungstène (3 390 ⁰C) étant le plus élevé de tous les métaux, et comme élément entrant dans la composition de colorants pour les tissus. Aujourd'hui, le tungstène est surtout utilisé en sidérurgie pour la production d'aciers à coupe rapide de très haute qualité. Mais beaucoup d'autres secteurs de l'industrie utilisent cet élément : l'automobile (par exemple les contacts des rupteurs de Delco ou les électrodes des bougies), l'aéronautique (par exemple les cols des tuyères de moteurs de fusées ou les rotors de gyroscopes) et dans divers équipements d'appareillages (électrodes de tubes électroniques, anodes de tubes de radiographie, buses de chalumeau à plasma, etc.). Les géochimistes évaluent à seulement 1 ppb (partie par milliard) la quantité de tungstène contenue dans la couche lithosphérique[...]