WOODS ELDRICK dit TIGER (1975- )
Le champion de golf américain Eldrick « Tiger » Woods inscrit sa trajectoire dans l'histoire de son sport comme aucun joueur ne l'a fait avant lui. Il est l'un des cinq golfeurs à avoir remporté les quatre tournois du Grand Chelem (Masters, US Open, British Open et USPGA), les autres étant Gene Sarazen, Ben Hogan, Jack Nicklaus et Gary Player, et il semble en mesure de battre tous les records du golf.
Si la référence historique du melting-pot était une réalité avérée, il pourrait en être le parfait symbole, à mi-chemin du citoyen américain et du citoyen du monde : son père, Earl, béret vert vétéran du Vietnam et diplômé de sociopsychologie de l'université du Kansas, est sang-mêlé, pour moitié afro-américain et apache, pour un quart chinois et un quart thaï ; sa mère, Kultida, pour moitié thaïe, un quart blanc et un quart chinois... On peut imaginer l'effet que produisit, dans un sport où le Grand Chelem des quatre tournois majeurs tient lieu de Graal, la victoire de leur rejeton de vingt et un ans, en 1997, dans le prestigieux Masters d'Augusta, où Lee Elder, le premier champion noir, n'avait été invité à fouler les greens de Georgie qu'à partir de 1975.
La trajectoire programmée d'un enfant prodige
Eldrick Woods est né le 30 décembre 1975 à Cypress, dans la banlieue sud-est de Los Angeles, près de la base navale de Seal Beach. Sur le parcours à neuf trous de cette base, « Tiger » – surnom que lui donna son père en souvenir d'un ami disparu au Vietnam – sidère vite les observateurs par l'affirmation de son talent. D'évidence, il s'inscrit dans le cursus des parents qui projettent, sinon programment, la réussite sportive de leurs enfants. D'évidence aussi, tous les dons et – presque – toutes les conditions sont réunis pour y parvenir. Même le conservatisme du golf américain ne pourra l'empêcher de jouer mieux que les autres, de frapper plus fort, plus loin et plus précisément. À huit ans, « Tiger » remporte ainsi la première de ses six victoires dans l'Optimist Junior ; il gagne ensuite trois fois le championnat junior américain, aligne encore trois titres d'affilée dans l'US Open Amateur et participe à la conquête du titre mondial amateur par équipes en 1994, en France.
La même année, « Tiger » Woods entre à l'université Stanford pour y suivre des cours d'ethnologie. Il s'y passionne pour la littérature afro-américaine, potasse l'histoire coloniale portugaise et constate sobrement que, même s'il était « mathématiquement » plus asiatique que n'importe quoi d'autre, une simple goutte de sang noir suffit, aux États-Unis, pour vous cataloguer « Black » pour toujours. Woods ne l'oubliera pas, tout en évitant soigneusement, par la suite, de polémiquer sur le sujet. Il demeurera tout autant fidèle à sa destinée de golfeur.
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Écrit par
- Bernard CHEVALIER
: rédacteur en chef au journal
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