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WOZZECK (A. Berg)

Le langage de Wozzeck

Entre tradition et modernité, comment classer l’opéra de Berg ? Le problème majeur du compositeur consistait à trouver hors de l’univers tonal et avant l’invention du sérialisme – qui a beaucoup contribué à organiser le langage musical – un principe structurant capable de soutenir l’architecture d’un opéra. On peut dire qu’il reste dans la tradition en choisissant des formes musicales très strictes (passacaille, rondo, forme-sonate…). L’utilisation de motifs ou d’intervalles caractéristiques n’a pas été inventée par Berg, pas plus que l’emploi à l’opéra de formes empruntées à la musique pure. De plus, de nombreux passages sont tonals, ou comportent ce que l’on a appelé des polarités tonales, c’est-à-dire des incursions de tonalité dans un ensemble plutôt atonal. En revanche, les inventions sur un son (par exemple la note si) ou les variations sur des rythmes difficilement repérables à la première écoute sont tout à fait nouvelles, préfigurant parfois un sérialisme généralisé. En donnant sens et cohérence à un matériau hétérogène, Berg semble être fidèle à son passé pour mieux pouvoir assumer le présent.

— Juliette GARRIGUES

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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