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WU ZETIAN[WOU TSÖ-T'IEN](624?-705) impératrice de Chine

Originaire du Shandong, fille d'un commandant de garnison et réputée pour sa beauté, Wu Zhao (Zetian est l'appellation conférée après son abdication) entre à quatorze ans dans le harem de l'empereur Taizong des Tang (Li Shimin) en qualité de « personne de talent » (cairen). À la mort de Taizong (649), elle se fait tonsurer et devient nonne, mais est bientôt rappelée au palais. Présentée en 654 à Gaozong (règne : 649-683) par l'impératrice Wang, qui veut en faire un « atout » dans sa rivalité avec la concubine Xiao, Wu Zhao devient rapidement la favorite de l'empereur. Elle réussit à éliminer Wang et Xiao et accède elle-même au rang d'impératrice (655). En 656 elle donne à Gaozong un fils qu'elle fait nommer héritier présomptif. Éliminant brutalement ses opposants, elle exerce bientôt la réalité du pouvoir au nom d'un empereur, affaibli par la maladie. En 674 elle fait adopter les appellations d'empereur céleste (tianhuang) pour Gaozong et d'impératrice céleste (tianhou) pour elle-même. Pour l'opinion publique, ignorante des luttes féroces qui se déroulent à la cour, ce sont les « deux sages » (ersheng). Entre-temps, elle a manigancé la mort de deux héritiers présomptifs successifs, et c'est son troisième fils qui devient l'empereur Zhongzong à la mort de son père, pour être déposé l'année suivante au profit de son frère cadet, l'empereur Ruizong. Toute-puissante, désormais impératrice douairière, elle déplace la capitale à Luoyang, renommée « capitale sainte » (Shendu), favorise les membres de son clan et élimine sans pitié ceux du clan impérial des Li ainsi que plusieurs centaines d'aristocrates pro-Tang. Ayant fait concocter une interprétation du Sutra du nuage blanc qui la désigne comme incarnation du Bouddha Maitreya, elle finit (690) par devenir « empereur » d'une nouvelle dynastie Zhou (allusion à la vénérable dynastie royale de l'Antiquité). S'il ne fait désormais plus partie du nouveau clan impérial, l'ex-Zhongzong n'en reste pas moins « héritier présomptif ». En 705, sur son lit de mort, Wu Zhao lui restituera le trône sous la pression du ministre Zhang Jianzhi appuyé par la garde. La dynastie des Tang est bientôt restaurée, et elle meurt peu après, âgée de quatre-vingt-un ou quatre-vingt-deux ans.

Wu Zetian, qui aura exercé le pouvoir suprême pendant près d'un demi-siècle, est un personnage remarquable à beaucoup d'égards. C'est la seule femme à avoir porté le titre d'« empereur » (huangdi) dans l'histoire de la monarchie chinoise : pourtant ce fait « scandaleux » (s'ajoutant à son appartenance successive au gynécée du père et du fils) n'a pas bouleversé l'empire. Par contraste avec les épisodes grand-guignolesques qui se déroulent au palais, le pays jouit d'une longue période de « bon gouvernement », au moins jusqu'aux environs de 700. Souverain énergique et habile, Wu Zhao évite de bouleverser les institutions établies par les fondateurs des Tang et sait s'assurer la loyauté de nombreux hommes de valeur. La faveur témoignée dès le début de son ascension aux « hommes nouveaux » recrutés par examens et sans connexions aristocratiques, dont beaucoup viennent comme elle du Shandong, et la répression qui s'exerce contre l'aristocratie du Nord-Ouest, ont certainement renouvelé les élites de l'empire. La taille de la bureaucratie s'accroît notablement sous son règne. À l'extérieur, elle règle le problème de la Corée sur lequel avaient achoppé ses prédécesseurs. Elle passe pour avoir rédigé un grand nombre de textes politiques et religieux et sa calligraphie élégante, « virile » pourrait-on dire, nous est connue par une stèle conservée dans un temple du Henan. Elle a par ailleurs imposé l'usage de dix-sept (ou dix-neuf) « nouveaux caractères » remplaçant autant de caractères d'écriture courants,[...]

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