WUHAN [WOU-HAN]
Une des principales villes de la République populaire de Chine (près de 9 millions d'habitants en 2018, et 11 millions dans l’agglomération), capitale de la province du Hubei, située à la confluence du Hanshui et du Yangzi (ou Yangzijiang), Wuhan est en fait une conurbation qui rassemble depuis 1950 Hankou, Hanyang et Wuchang. Hankou s'étend sur la rive gauche du Yangzi, au nord de l'embouchure du Han (ou Hanshui), juste en face de la vieille ville de Hanyang, sur la rive sud du Han, tandis que l'ancienne métropole de Wuchang occupe la rive droite du Yangzi.
Sa position au centre de la Chine confère à Wuhan un rôle clé dans les échanges commerciaux. La conurbation est traversée par des axes de transport qui convergent depuis les quatre coins du pays. De fait, Wuhan se trouve presque à égale distance de Pékin et de Canton (Guangzhou) mais aussi de Shanghai et de Chongqing. Les navires de haute mer peuvent remonter le Yangzi, première voie navigable du pays, jusqu'à Wuhan. La ville, pourtant située à 950 kilomètres de la côte, constitue ainsi la limite de la navigation maritime. La ligne Pékin-Canton (Beijing-Guangzhou), principale voie ferrée nord-sud, traverse le Yangzi à Wuhan, sur un pont achevé en 1957. Un autre grand ouvrage d'art enjambe le Han pour assurer la jonction Hankou-Hanyang. Point de rencontre des transports maritimes, fluviaux, ferroviaires et routiers, Wuhan est depuis longtemps la plaque tournante des produits (thé, coton, soie, bois, huile de tung, divers biens manufacturés) de la vallée du moyen Yangzi et des provinces de l'ouest et du sud-ouest de la Chine.
Le premier site de peuplement, installé au sud-est de Wuchang sous les Zhou occidentaux (1111-771 av. J.-C.), devint la capitale du Wu (222-280 apr. J.-C.) pendant la période des Trois Royaumes. Le rôle administratif de Wuchang perdura sous les dynasties Yuan (1271-1368) et Ming (1368-1644), quand elle fut élevée au rang de chef-lieu de district.
Hanyang, fondée sous les Sui (581-618), demeura un centre de commerce mineur. Hankou, alors baptisée Xiakou, devint en revanche la quatrième ville marchande de Chine sous les Song (960-1279). Le traité de Tianjin signé en 1858 entre la Chine, la France et le Royaume-Uni permit l'ouverture des villes chinoises aux entreprises étrangères, favorisant ainsi l'essor commercial et industriel des trois villes. Entre 1861 et 1896, Hankou accorda de nombreuses concessions (négoce et pêche) à des entreprises britanniques, françaises, allemandes, japonaises et russes.
Les trois villes jouèrent un rôle clé au xxe siècle. La révolution de 1911, qui renversa la dynastie mandchoue des Qing, se propagea à la caserne de Wuchang. Les troupes impériales et révolutionnaires se livrèrent alors des combats acharnés sur les sommets surplombant le Han pour le contrôle de l'arsenal de Hanyang. Les cheminots de Hankou déclenchèrent la grève générale de 1923, premier grand mouvement ouvrier en Chine. La prise de la ville par les nationalistes en décembre 1926 marqua l'extension de la puissance du Guomindang dans la vallée du moyen Yangzi. Lorsque des émeutes nationalistes éclatèrent en 1927 dans la concession britannique de Hankou, son conseil municipal, britannique, fut remplacé par une institution mixte sino-britannique. Les trois villes devinrent alors rapidement l'un des enjeux du conflit entre nationalistes et communistes au cours de l'éphémère gouvernement de coalition que les deux camps formèrent. Après leur rupture en 1927, l'aile gauche des nationalistes conserva ses quartiers à Hankou. Mao Zedong, futur chef de file des communistes, dirigeait alors un institut paysan à Wuchang, où le Parti communiste chinois tint son Ve congrès en 1927.
Lorsque Nankin, capitale des nationalistes, tomba aux mains des envahisseurs japonais en 1937, le gouvernement chinois se retira à Hankou, qui[...]
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