DOLAN XAVIER (1989- )
Le prix du jury attribué à Mommy lors du festival de Cannes 2014 est venu confirmer le statut de jeune prodige souvent accolé au nom de Xavier Dolan. Né en 1989 à Montréal, il est le fils de Manuel Tadros, auteur-compositeur de variétés et comédien québécois. Il débute comme acteur à l'âge de quatre ans dans un téléfilm et dans des clips publicitaires pour Jean Coutu, une chaîne de pharmacies nord-américaine. Dans la version doublée des Harry Potter au Québec, Dolan est la voix de Ron.
Cette présence précoce sur les plateaux lui permet de s'initier aux métiers du cinéma. Il réalise son premier film à vingt ans. J'ai tué ma mère, adapté de Matricide, une nouvelle écrite de sa main quelques années auparavant, est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2009. On a pu y voir un clin d'œil aux 400 Coups, de François Truffaut, un des trois films fondateurs pour Dolan, avec Mort à Venise et Paris-Texas, sans oublier la découverte du cinéma de Gus Van Sant et celle de l’œuvre photographique de Nan Goldin.
Mère et fils
La violence des rapports entre un adolescent et sa génitrice qui l'élève seule et la relation d'amour-haine répétée de J'ai tué ma mère à Mommy ne font pas pour autant de ces deux œuvres des films jumeaux. Le premier, puisant directement à une matière autobiographique et simulant le ton du journal intime, parle directement à tout et à chacun, tant la crise de l'adolescence est le lot de toute cellule familiale. Mommy, fable d'anticipation vaguement inspirée d'un fait divers – une femme, terrorisée par la brutalité de son jeune fils à son égard, s'était résolue à le placer dans un établissement carcéral adapté –, revêt une coloration sociale et politique.
Ce qui unit ces deux œuvres aux autres films de Dolan, c'est d'abord un style décomplexé, une manière, souvent en surchauffe, de filmer le quotidien, les relations amicales ou amoureuses, les larmes et les rires. Loin du naturalisme, et tout en brossant avec justesse le tumulte des âmes et des comportements humains, Dolan flirte avec le mélo et, pour accompagner les passions inextinguibles de ses personnages, recourt avec jubilation aux outils que le cinéma lui offre : une caméra très mobile, le cadre et les décadrages, la musique, les ralentis, tout cela avec une force éruptive qui, chez d'autres, apparaîtrait comme exagérée. Ici, elle s'inscrit comme naturellement dans son tempo, celui d'un cinéma de l'excès.
Cet admirateur de Jean Cocteau ose des inserts qui excèdent le rationnel – un papillon qui sort de la bouche d'un personnage – ou rompent la chronologie – une vitrine qui vole en éclats… De telles images, plus proche d'une dimension sensible que d'une volonté symbolique, peuvent aussi relever d'une bouffée onirique ou d'une remémoration.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques KERMABON
: rédacteur en chef de la revue
Blink Blank
Classification
Média
Autres références
-
JUSTE LA FIN DU MONDE (J.-L. Lagarce) - Fiche de lecture
- Écrit par Véronique HOTTE
- 1 125 mots
Créée le 1er octobre 1999, quatre ans après la mort de Jean-Luc Lagarce (1957-1995), par Joël Jouanneau au théâtre Vidy-Lausanne, la pièce Juste la fin du monde est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2008, dans une mise en scène de Michel Raskine. Elle a fait l’objet d’une...