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XÉNOGREFFES

L'idée d'utiliser des organes animaux pour « réparer » l'organisme humain n'est pas nouvelle. Les premières véritables tentatives ont eu lieu au début du xxe siècle. En 1905, Mathieu Jaboulay a pour la première fois greffé un rein de chèvre. L'opération chirurgicale a été réussie mais l'organe implanté a été rapidement rejeté. Divers essais tentés de par le monde n'ont pas été couronnés d'un plus grand succès. La découverte des immunosuppresseurs, qui ont permis l'essor des transplantations d'organes humains (allogreffes) depuis les années 1960, a relancé le débat. Cependant, les immunosuppresseurs sont inefficaces dans le cas où le greffon utilisé est d'origine animale (xénogreffe).

Dès ses tout débuts, la xénogreffe a fait appel aux primates. Il paraît en effet logique de s'adresser aux espèces les plus voisines de l'homme. Actuellement, cette perspective n'a plus la faveur des chercheurs. L'utilisation des singes comme donneurs d'organes pose en effet des problèmes éthiques évidents. La probabilité qu'un agent pathogène soit transmis du singe à l'homme par la xénogreffe constitue un sérieux handicap. Plus prosaïquement, le coût de l'élevage des primates supérieurs est particulièrement élevé et cela rendrait leur utilisation envisageable dans certains cas seulement.

Pour toutes ces raisons, une autre espèce animale, le porc, a été retenue pour devenir la source de cellules et d'organes pour l'homme. Le porc est un omnivore ayant une taille voisine de celle de l'homme. Cet animal nous est relativement bien connu sur le plan biologique. Peu de maladies humaines proviennent du porc. Il existe des techniques permettant d'élever le porc dans des conditions de sécurité satisfaisantes d'un point de vue pathologique. Enfin, le porc est déjà très largement utilisé comme nourriture par l'espèce humaine.

Le phénomène de rejet

L'allogreffe a pendant longtemps été impossible ou en tout cas accompagnée de nombreux échecs jusqu'à ce que la découverte du système HLA et la mise au point de médicaments immunosuppresseurs aient rendu possible cette pratique. On sait maintenant que nos cellules ont à leur surface des protéines qui sont caractéristiques de chaque individu, et qui résultent de la recombinaison de gènes qui peuvent coder la synthèse de ces protéines. Ces gènes et les protéines correspondantes constituent le système HLA. Un antigène du système HLA d'un individu induit donc une réaction immunitaire de rejet lorsqu'il est introduit chez un individu n'appartenant pas au même groupe HLA. C'est pourquoi la sélection systématique des donneurs permet de limiter considérablement les réactions de rejet, qui sont par ailleurs atténuées à l'aide de traitements par des immunosuppresseurs comme la ciclosporine A.

La greffe des organes d'une espèce à l'autre met en action des mécanismes de rejet différents et beaucoup plus violents que ceux qui caractérisent les allogreffes. Il s'agit encore d'une réaction des anticorps du receveur contre les antigènes HLA du donneur. Cependant, on observe qu'un organe de porc greffé chez un primate subit au moins trois mécanismes différents de rejet : un rejet très rapide, appelé hyperaigu, un rejet, en partie de même nature, appelé rejet hyperaigu différé, et un rejet induit plus classique, s'apparentant à celui qui est observé lors des allogreffes.

Une analyse du rejet hyperaigu a été faite de manière détaillée. Ce type de rejet se manifeste essentiellement lors de greffes d'organes vascularisés, et les cellules endothéliales des vaisseaux sont la cible principale des mécanismes d'élimination du « non-soi ». Les manifestations du rejet commencent dès que l'organe greffé est soumis à la circulation[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche, unité de biologie du développement et reproduction, Institut national de la recherche agronomique

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Porcs transgéniques - crédits :  courtesy of University of Missouri-Columbia/ Getty Images/ AFP

Porcs transgéniques

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