XÉNOGREFFES
Comment empêcher le rejet des xénogreffons ?
Une suppression transitoire du rejet hyperaigu peut être obtenue de différentes manières. Pour empêcher l'action rapide des anticorps naturels, ceux-ci peuvent être retirés de la circulation sanguine du receveur, en absorbant spécifiquement les anticorps du receveur lors d'une circulation extracorporelle de son sang. Il est également possible de détruire certains éléments constitutifs d'un agent de la réponse immunitaire, le complément, par des substances telles que le venin de cobra. Dans ces conditions, le rejet hyperaigu n'a effectivement plus lieu. Après le retour inévitable des anticorps naturels et du complément, le xénogreffon subit un rejet. De manière inattendue, celui-ci est plutôt de type hyperaigu différé. On considère que cette résistance au rejet hyperaigu classique résulte d'un phénomène d'accommodation. Les cellules du xénogreffon ont eu le temps de mettre en place certains mécanismes de résistance au rejet. Il existe ainsi une bonne corrélation entre les organes qui bénéficient du phénomène d'accommodation et l'expression de gènes ayant une activité anti-apoptose.
Une autre manière de supprimer, ou tout du moins d'atténuer, le rejet suraigu consiste à supprimer les antigènes de surface des cellules endothéliales du xénogreffon.
Une autre voie d'approche, qui a été couronnée d'un succès spectaculaire bien que partiel, a consisté à faire exprimer par les cellules du xénogreffon des gènes dont la fonction est d'inactiver le complément. C'est ainsi que des cœurs et des reins de porcs transgéniques exprimant les gènes DAF ou CD59 humains résistent aux réactions de rejet suraigu tout en restant fonctionnels pendant plusieurs jours.
Plusieurs autres mécanismes que ceux qui activent le complément doivent être contrôlés si l'on veut pouvoir conserver un organe de porc fonctionnel pendant des périodes prolongées, et c'est ainsi que l'administration de substances capables d'inhiber les différents mécanismes de rejet est en principe concevable. C'est cette approche, mettant en œuvre des immunosuppresseurs comme la ciclosporine A, qui a permis à l'allogreffe de devenir une véritable thérapeutique.
Différents gènes capables d'interférer avec les mécanismes de rejet sont ajoutés ou enlevés aux cellules en culture ou à des animaux entiers. Ces études sont actuellement réalisées essentiellement à l'aide d'animaux modèles (souris, rats, lapins, porcs).
Même si l'on parvient à maîtriser les phénomènes de rejet, d'autres difficultés subsisteront. Elles sont de trois ordres : physiologique, microbiologique et sociologique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Louis-Marie HOUDEBINE : directeur de recherche, unité de biologie du développement et reproduction, Institut national de la recherche agronomique
Classification
Média
Autres références
-
ÉDITION DES GÉNOMES
- Écrit par Gilles SAUCLIÈRES
- 4 301 mots
- 3 médias
...la viande, de son goût et de la quantité de graisses. On peut également entrevoir la modification de ces animaux pour pouvoir réaliser de nouveau des xénogreffes d’organes chez l’homme (animaux dits humanisés, car certaines de leurs molécules sont d’origine humaine), ce qui avait été peu ou prou abandonné... -
GREFFES
- Écrit par Jean PAUPE
- 3 739 mots
- 3 médias
...nécrose apparaissent et vers le dixième jour des signes inflammatoires périphériques et une nécrose du greffon aboutissent au rejet de ce dernier. Une greffe xénogénique est rejetée d'autant plus rapidement que les espèces sont plus éloignées ; au maximum le début de vascularisation ne se réalise pas... -
O.G.M. - Production et utilisation
- Écrit par Louis-Marie HOUDEBINE
- 4 106 mots
Des expériences encourageantes ont montré que les organes (rein et cœur) de porcs transgéniques fourniraient aux Primates, et donc à l'homme, des greffons moins rapidement rejetés que ceux provenant de porcs normaux (cf. greffes). Cela laisse supposer que le porc pourrait être une source... -
THÉRAPEUTIQUE - Thérapies substitutives et régénératives
- Écrit par Didier HOUSSIN
- 4 337 mots
Une source potentiellement illimitée de greffons peut être identifiée au sein du monde animal. La xénogreffe d'organes a été tentée dés le début du xxe siècle, et la plupart des premières greffes d'organes ont été des xénogreffes. Cela a été en particulier le cas de la première...