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XÉNOPHON (426 av. J.-C. env.- 354 av. J.-C.)

Xénophon peut être considéré comme l'écrivain classique par excellence. Il a beaucoup écrit, avec bon sens et clarté, sur toutes sortes de sujets. Philosophe, sans doute, il pâlit près de Platon ; historien, il continue Thucydide sans l'égaler. Mais, mieux peut-être que ces grands génies, il incarne l'Athénien type de son temps. Ce n'est pas un pur intellectuel ; c'est avant tout un homme d'action, et son œuvre est une leçon d'allégresse et d'optimisme. Esprit un peu superficiel mais vif, caractère ferme et modeste, il a su tirer d'une vie aventureuse une riche expérience. Aussi ses idées de jeunesse, formées par une éducation aristocratique et la familiarité de Socrate, ont-elles évolué vers une forme d'idéal qui, débordant les limites étroites de la cité grecque, annonce, à la veille de la conquête macédonienne, des temps nouveaux.

Une vie mouvementée

La vie de Xénophon est mal connue : une courte biographie de Diogène Laërce, une notice de la Souda. Mais ce personnage souple a eu des sincérités successives ; son souci de propagande s'est ajusté aux lieux, aux circonstances, au public ; il a beaucoup parlé de lui-même. Aussi peut-on, comme E. Delebecque, tenter d'appliquer à son œuvre la critique interne, pour établir avec quelque précision les étapes et les dates de sa carrière.

L'élève de Socrate

Citoyen d' Athènes, né vers 426 avant notre ère, Xénophon appartient à la génération des élèves de Socrate : à dix-huit ans, il s'attache au maître et suit ses leçons jusqu'en 401. Plusieurs de ses œuvres (Apologie de Socrate, Banquet, Mémorables) feront revivre ses entretiens familiers. Aristocrate aisé, Xénophon appartient à la classe des chevaliers. Il servit sous les Trente dans la cavalerie et composa ses traités De l'art équestre et l'Hipparque. En d'autres temps, une carrière politique facile attendait cet élève de Prodicos et d'Isocrate. Son œuvre d'historien s'amorçait avec les deux premiers livres des Helléniques, qui voulaient continuer Thucydide. Mais, en 404, c'est la victoire de Sparte : Athènes doit livrer sa flotte, raser les Longs Murs. Quelle place dans une cité vaincue pour un jeune homme entreprenant, qui cache mal ses sympathies lacédémoniennes ? L'occasion vient de Perse où le roi Artaxerxès est contesté par son jeune frère Cyrus. Celui-ci engage des mercenaires. Sur le conseil de Socrate, Xénophon consulte l'oracle de Delphes. Mais, aussi rusé que pieux, il pipe sa question. Il s'embarque donc pour l'Asie (401).

Le soldat de fortune

Cette « expédition des Dix Mille », Xénophon la contera avec talent dans son Anabase (anabasis, c'est la « montée » vers l'intérieur en venant de la mer) : la Perse, richesse orientale, territoires immenses, satrapes dissidents, intrigues de cour. Mais la guerre, malgré la bravoure des Grecs, tourne mal. À Cunaxa, Cyrus est tué d'un coup de javelot sous l'œil. Peu après, attirés par Tissapherne dans un guet-apens, tous les généraux sont tués. L'armée décapitée tombe dans un grand découragement. C'est alors que Xénophon entre en scène. Lui, qui n'est « ni stratège ni lochage (commandant de compagnie) », harangue l'armée avec une telle autorité qu'il est spontanément élu général. Alors commence la longue retraite : harcelés par les indigènes, arrêtés par les montagnes, les fleuves, la neige, souffrant de la faim, les Grecs descendent lentement vers la mer. Xénophon joue un rôle de premier plan, montrant l'exemple de l'endurance et du courage.

Que faire ensuite ? Fasciné par l'Asie Mineure, le soldat se fait condottiere et rêve de fonder une principauté indépendante dans la région des détroits. Mais le projet échoue. Rentrer à Athènes ? Ses concitoyens en avril 399[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres de Grèce, maître assistant à l'université de Paris-X

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