XI JINPING (1953- )
Secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et président de la Commission militaire centrale (CMC) depuis 2012, Xi Jinping est président de la République populaire de Chine (RPC) depuis mars 2013. Contrairement à son prédécesseur Hu Jintao, qui avait dû attendre deux ans après son intronisation au poste de secrétaire général avant de prendre la tête de la CMC, Xi Jinping accède dès le début de son mandat à la direction des trois institutions qui portent le régime : le parti, l’État et l’armée.
Une carrière entre héritage et stratégie personnelle
Né en 1953 dans le district de Fuping (province du Shaanxi), dans une famille de l’élite dirigeante, Xi Jinping est le fils de Xi Zhongxun, figure de la révolution. En 1959, Xi Zhongxun est le plus jeune vice-Premier ministre de la RPC, mais il est écarté du pouvoir en 1962 pour des raisons encore difficiles à cerner – sa proximité avec Peng Dehuai, qui avait critiqué le Grand Bond en avant, a pu lui être reprochée, à moins qu’il ne s’agisse de son attachement au panchen-lama. Durant la révolution culturelle, Xi Zhongxun est emprisonné et torturé. Il est réhabilité après l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping, qui le nomme gouverneur de la province méridionale du Guangdong. Proche de Hu Yaobang, il proteste lorsque ce dernier est limogé en 1987 et condamne la répression des manifestants de la place Tiananmen en 1989. Ces prises de position conduisent à son éloignement progressif du pouvoir. Les soubresauts de la carrière de Xi Zhongxun, tout comme ses positions « libérales », ont vraisemblablement pesé sur la formation du jeune Xi Jinping, bien qu’il soit délicat, aujourd’hui encore, d’évaluer la portée réelle de cette influence.
Xi Jinping passe la première partie de sa vie dans le cadre feutré et privilégié de Zhongnanhai, la résidence des dignitaires du régime, à Pékin, avant de subir les contrecoups de la chute de son père. En 1969, à l’instar de nombreux autres « étudiants », il est envoyé à la campagne afin d’être rééduqué par les paysans. Selon la narration qu’il fait de cette période – et l’historiographie officielle –, Xi Jinping serait parvenu à conquérir les cœurs des villageois ; toutefois, les témoignages recueillis ne permettent pas toujours de confirmer cette version. Il rejoint le parti en 1974 et prend les fonctions de secrétaire de la Ligue de la jeunesse communiste de la brigade de Liangjiahe.
Appuyé par quelque relation de son père, il parvient à regagner Pékin en 1975 et intègre l’université Qinghua en qualité d’étudiant « ouvrier-paysan-soldat ». Après l’obtention d’un diplôme de chimie en 1979, il est promu secrétaire de Geng Biao, alors secrétaire général de la CMC. Ce poste semble lui échoir par le truchement de son père qui, en échange, offre à la fille de Geng Biao une sinécure dans la province du Guangdong.
Après cette première expérience, Xi Jinping accepte un poste de secrétaire adjoint dans le canton de Zhengding, dans le Hebei. Cette décision est selon toute vraisemblance motivée par le désir d’étendre son réseau au-delà du cercle familial ; cette stratégie se révèle payante, puisque Xi Jinping évite l’onde de choc de la mise à l’écart de son père en 1989 et, de surcroît, gravit avec célérité les échelons du pouvoir. Il est ainsi tout d’abord muté dans le Fujian, où il assume différentes fonctions jusqu’au poste de secrétaire adjoint de la province. Désigné au XVIe comité central du parti, il est envoyé dans le Zhejiang en qualité de secrétaire de la province. En 2007, il prend la tête de la municipalité de Shanghai, qu’il dirige pendant six mois, avant de rejoindre le comité permanent du bureau politique, organe suprême du parti. C’est à cette période qu’il semble avoir été désigné pour succéder à Hu Jintao. Enfin, lors du XVIII[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul CHARON : docteur en science politique
Classification
Médias
Autres références
-
CHINE, histoire, de 1949 à nos jours
- Écrit par Jean-Philippe BÉJA , Encyclopædia Universalis et François GODEMENT
- 19 198 mots
- 15 médias
...intellectuels, entrepreneurs et citoyens ordinaires. D’autant que la plus grave crise depuis 1989 a secoué l’appareil à la veille de l’arrivée au pouvoir, en novembre 2012, deXi Jinping, considéré comme le représentant de la faction des princes rouges, les descendants des fondateurs du régime. -
CHINE - Politique étrangère contemporaine
- Écrit par Jean-Pierre CABESTAN
- 11 199 mots
- 6 médias
Depuis 1979 et le lancement des réformes par Deng Xiaoping, la diplomatie de la République populaire de Chine est au service des quatre objectifs majeurs suivants : le développement économique du pays, l’affirmation et la consolidation de son statut de grande puissance, la réunification de la nation...
-
CHINE - Économie
- Écrit par Françoise LEMOINE et Thomas VENDRYES
- 8 244 mots
- 5 médias
...« société harmonieuse », rompant avec celui de « construction de l’économie » systématiquement affiché depuis 1978. En 2013, à peine devenu président, Xi Jinping évoque la « nouvelle normalité » de la croissance. Ces deux idées sont reprises et déclinées en politiques spécifiques par le plénum du comité... -
ÉCONOMIE MONDIALE - 2022 : le cumul des crises
- Écrit par Jean-Pierre FAUGÈRE
- 5 497 mots
- 7 médias
...2017 et renforcée en octobre 2022 lors du XXe congrès du Parti communiste, qui consacre un troisième mandat quinquennal et un pouvoir sans partage pour Xi Jinping : développement du secteur des services, moindre dépendance par rapport au reste du monde, urbanisation et développement d’une classe moyenne... - Afficher les 10 références