XI KANG[HI K'ANG](223-262)
Originaire d'une famille aisée et traditionnellement confucianiste, marié à une princesse de la dynastie régnante, Xi (on transcrit aussi Ji) Kang n'occupa jamais dans la hiérarchie des fonctionnaires qu'un poste honoraire sans charge (zhongsan dafu). Pour un homme de sa classe et de ses talents, ce refus de s'engager dans la vie publique est si extraordinaire que les usurpateurs au pouvoir l'ont interprété comme une preuve de sédition ou d'atteinte aux bonnes mœurs ; il fut exécuté sur la place publique dans sa quarantième année.
On ne saura jamais si Xi Kang s'était vraiment engagé contre les usurpateurs, mais une lecture même rapide de son œuvre montre d'autres mobiles pour son refus de servir : dans presque tous ses essais philosophiques, tous ses poèmes, Xi Kang déclare son désir de se consacrer entièrement à la recherche de l'immortalité, de mener la vie d'un ermite taoïste. Il est presque le seul parmi ses contemporains à prendre les théories taoïstes au pied de la lettre et à les développer en ce qu'il faut sans doute appeler la première véritable philosophie religieuse chinoise. Car Xi Kang ne s'intéresse pas, comme les taoïstes anciens, au dao en tant qu'entité objective et philosophique ; il veut se hisser lui-même au niveau du dao, se transformer psychiquement et corporellement en « immortel ». Ses écrits renferment les premières descriptions dans la littérature chinoise de l'âme divisée, tiraillée entre les plaisirs transitoires de ce monde et la paix éternelle de l'autre, de l'effort pour se dépouiller de tout égoïsme afin d'atteindre à l'union mystique.
Toujours assez peu connu en Occident, Xi Kang commence à occuper en Chine la place importante qu'il mérite dans l'histoire de la pensée, cela malgré les tendances « matérialistes » des historiens chinois actuels.
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Écrit par
- Donald HOLZMAN : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
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