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XYLOTHÈQUE DU CIRAD-FORÊTS

À la périphérie de Montpellier, dans le quartier d'Agropolis, un bâtiment de style industriel, la Maison de la technologie, rassemble des laboratoires dans lesquels les chercheurs travaillent sur tous les produits végétaux tropicaux, dont les bois. C'est là que la xylothèque (du grec xulon, « bois », et thêkê, « boîte », « coffre ») du C.I.R.A.D.-Forêts rassemble une importante collection scientifique de bois : les tiroirs de grands meubles en bois exotiques abritent des milliers de fiches, étiquetées de numéros et de noms. Chacune de ces fiches est en fait une planchette de bois correspondant à l'espèce nommée par l'étiquette.

C'est en 1985 que le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (C.I.R.A.D.) a regroupé à Montpellier les activités de sept instituts dont le Centre technique forestier tropical (C.T.F.T.) qui était alors établi à Nogent-sur-Marne dans l'ancien jardin colonial. Le C.T.F.T. avait été créé en 1949 à partir de la section technique des bois coloniaux (S.T.B.C.), elle-même issue d'abord de la station d'essai des bois du ministère des Colonies, fondée pendant la Première Guerre mondiale pour remédier à la pénurie de bois en France par la recherche dans les pays d'outre-mer de sources d'approvisionnement en nouvelles essences. Pour montrer les bois dont on étudiait les propriétés, la S.T.B.C. avait exposé une collection de planchettes des échantillons récoltés. En s'enrichissant, cette collection permit des comparaisons qui remirent en question la dénomination de certains bois étudiés. Telle est, en résumé, l'origine de la création en 1937 d'un laboratoire d'anatomie des bois confié à Didier Normand, ancien élève de l'école forestière de Nancy puis collaborateur du professeur Auguste Chevalier, grand spécialiste de la flore tropicale au Muséum national d'histoire naturelle. Normand réforma et développa la collection sur des bases scientifiques de classement.

Quand le C.I.R.A.D. reçoit un nouveau spécimen (tronc d'arbre ou petit morceau de bois), une planchette de format 13 × 6 cm est prélevée pour la xylothèque et répertoriée sur un registre sous un numéro matricule. Ce dernier est reporté sur tous les autres débits ou prélèvements éventuels du même arbre dans tous les laboratoires. Si d'autres parties de l'arbre sont conservées, sous forme d'herbier par exemple, dans d'autres établissements qui ont leur propre système d'immatriculation, la correspondance doit être parfaitement notée. En effet, comme pour toute plante, c'est l'arbre qui représente un individu à nommer et son identification doit pouvoir être répercutée partout. Une étiquette est collée sur la planchette ; outre son numéro, on y inscrit l'existence ou non d'un herbier, le pays de provenance, le nom dit vernaculaire recueilli par le « récolteur » et le nom scientifique. Le nom scientifique d'un arbre est défini à partir des caractères de la fleur, du fruit et, secondairement, des feuilles, de la ramification, du port, etc. Les arbres sont classés dans une famille au sein de laquelle ils appartiennent à un genre et à une espèce. La valeur scientifique d'un échantillon de bois tient donc à la récolte sur le même arbre d'un bon « herbier » aussi complet que possible, à sa bonne détermination et à sa durable conservation. C'est la classification proposée comme naturelle par le botaniste britannique John Hutchinson qui a été choisie parce qu'elle ordonne les familles de plantes selon des caractères allant des plus primitifs aux plus évolués. Ainsi se trouvent rapprochés des bois très semblables entre eux, au moins par la structure et souvent par l'aspect.

Dans chaque famille, les échantillons appartenant au même[...]

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Écrit par

  • : ingénieur agronome, ingénieur des Eaux et Forêts

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