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GOWON YAKUBU (1934- )

Militaire et homme politique nigérian, président de la République de 1966 à 1975.

Yakubu Gowon - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Yakubu Gowon

Fils d'un missionnaire protestant de la tribu minoritaire des Anga, le général Gowon est né dans la région nord du Nigeria, traditionnellement musulmane ; il fait ses études militaires à Theshié, puis au Royaume-Uni, à Eton et à Sandhurst. Il devient après le putsch du 22 juillet 1966 le plus jeune chef d'État africain.

Tolérant et partisan d'un Nigeria uni et détribalisé, avec une armée disciplinée, il fait habilement libérer les chefs Awolowo et Tarka afin d'asseoir l'unité politique du pays. Persuadé dès le départ que la sécession biafraise n'est pas viable, il cherche à gagner le plus possible d'Ibo à cette idée ; le soutiennent le Royaume-Uni, à cause de ses intérêts pétroliers, et l'U.R.S.S., pour des raisons politiques et économiques. Il évite durant les combats le génocide militaire, mais sa décision d'instaurer un blocus du Biafra place les Ibo enfermés dans le réduit dans une situation tragique.

Après la reddition de 1970, Gowon interdit toutes représailles et appelle les Ibo à participer fraternellement au développement d'un Nigeria unifié. Il se donne pour objectif d'éliminer rapidement le tribalisme et d'intégrer le maximum de cadres ibo ; il fait reconstruire les transports et entreprendre la « réhabilitation » du Biafra, qui se partage désormais en trois États.

En attendant le retour au gouvernement civil promis pour 1976, le Conseil exécutif fédéral présidé par Gowon adopte un programme en neuf points, notamment : élaboration d'une nouvelle Constitution, organisation de partis politiques nationaux, exécution du recensement national en 1973, élimination de la corruption.

Gowon met en œuvre une politique de « nigérianisation » des entreprises et d'aménagement égal de toutes les régions par le nivellement du prix du pétrole. Son action politique rencontre moins de succès : des mouvements étudiants témoignent du mécontentement qu'a fait naître la création d'un service civil obligatoire. On note également un malaise dans les syndicats ; la population se montre hostile à une armée de 200 000 hommes dont la réputation n'est pas à la hauteur de celle de son chef intègre et d'une simplicité spartiate.

Sur le plan extérieur, Gowon témoigne de la même tolérance et renoue avec les États qui ont soutenu le Biafra, telles la Côte-d'Ivoire, la Tanzanie, la France ; il tente un essai d'alliance avec le Togo francophone ; en 1973, il préside l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A.). Il établit des relations avec la Chine en 1971 et s'inspire du modèle chinois de développement.

Alors qu'il poursuit l'unification du pays, exprimée par le slogan « un seul Nigeria », il semble qu'au sein de l'armée les « faucons », représentants des grandes tribus haoussa ou yoruba, contestent cette politique ; en l'absence de tout contrepoids politique et malgré la popularité personnelle du président, ils pourraient mettre en danger la position de Gowon à la tête de l'État nigérian.

Gowon est écarté du pouvoir par un groupe d'officiers, en juillet 1975, alors qu'il représentait son pays à la conférence de l'O.U.A. à Kampala.

Il s’exile alors au Royaume-Uni. Déchu de son rang, car soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de son successeur Murtala Mohammed, en 1976, il est gracié en 1981 puis rétabli dans ses droits en 1987. Ayant obtenu un doctorat en 1983, il retourne au Nigeria, où il enseigne la science politique à l’université de Jos au milieu des années 1980. Puis, ce vétéran de la politique s'est notamment engagé dans la lutte contre le VIH.

— Françoise BARRY

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Écrit par

  • : cheffe du Centre d'études et de documentation sur l'URSS, la Chine et l'Europe de l'Est

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Média

Yakubu Gowon - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

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