YAMANAKA SHINYA (1962- )
Le chirurgien orthopédiste et biologiste japonais Shinya Yamanaka partagea en 2012, avec le biologiste britannique John Gurdon, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour avoir découvert que la différenciation des cellules matures était réversible. En insérant des gènes spécifiques dans leur noyau, il les fit en effet revenir au stade de cellules souches pluripotentes, capables de se différencier dans le type de cellule désiré. Ces cellules reprogrammées ont été baptisées cellules souches pluripotentes induites, dites IPS.
Shinya Yamanaka naît le 4 septembre 1962 à ̄Osaka (Japon). Il obtient une maîtrise à l'université de K̄obe en 1987, puis un doctorat de pharmacologie à l'université d'̄Osaka en 1993. Cette année-là, il part mener des recherches post-doctorales à l'institut Gladstone de San Francisco, spécialisé dans les maladies cardio-vasculaires : il y étudie des souris chez lesquelles le gène c-myc a été invalidé (technique du knock-out) pour tenter de déterminer sa fonction précise. De retour à l'université d'̄Osaka de 1996 à 1999, il accepte ensuite un poste au Nara Institute of Science and Technology. Ses recherches se concentrent alors de plus en plus sur les cellules souches. En 2004, Shinya Yamanaka intègre l'Institute for Frontier Medical Sciences de l'université de Kȳoto, où il débute ses travaux qui feront date sur la différenciation des cellules somatiques. Après avoir trouvé des financements aux États-Unis, il partage son temps entre Kȳoto et l'institut Gladstone, où il est promu chercheur principal en 2007.
En 2006, le professeur Yamanaka annonce qu'il a réussi à créer chez la souris des cellules IPS qui possèdent les propriétés des cellules souches embryonnaires, en insérant quatre gènes spécifiques dans le noyau de fibroblastes (précurseurs du tissu conjonctif). L'année suivante, il renouvelle l'expérience à partir de fibroblastes humains, une première mondiale. Cette avancée marque un tournant majeur car elle permet d'obtenir des cellules souches humaines sans recourir à l'utilisation controversée d'embryons. Shinya Yamanaka utilisait jusqu'alors un rétrovirus contenant le gène c-myc, lequel joue un rôle fondamental dans la reprogrammation du noyau des cellules adultes. L'activation de ce gène provoque cependant la formation de tumeurs lorsque les cellules IPS sont par la suite transplantées chez la souris. Shinya Yamanaka tente alors, avec succès, de créer des cellules IPS sans le gène c-myc afin d'éviter tout risque d'oncogenèse. En 2008, il annonce une nouvelle avancée : la génération de cellules IPS à partir de cellules provenant du foie et de l'estomac de souris.
Shinya Yamanaka voit ses travaux sur les cellules souches récompensés à de nombreuses reprises, notamment par le prix Robert-Koch (2008), le prix Shaw en sciences du vivant et médecine (2008), le prix de la fondation Gairdner (2009), le prix Albert-Lasker pour la recherche médicale fondamentale (2009) et le prix Millennium Technology (2012).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Kara ROGERS : auteur
Classification
Autres références
-
ÉPIGÉNÉTIQUE
- Écrit par Pierre-Antoine DEFOSSEZ , Olivier KIRSH et Ikrame NACIRI
- 5 994 mots
- 4 médias
...acquière une identité tumorale. Des résultats remarquables en ce sens ont été obtenus, qui ont valu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2012 à Shinya Yamanaka, mais il reste beaucoup à faire pour comprendre les mécanismes impliqués dans cette réinitialisation. Surexpression de facteurs de pluripotentialité,... -
PRIX NOBEL DE PHYSIOLOGIE OU MÉDECINE 2012
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 639 mots
- 2 médias
Le prix Nobel de physiologie ou médecine 2012 a été attribué au Britannique John B. Gurdon (né en 1933) et au Japonais Shinya Yamanaka (né en 1962) pour leurs travaux sur les cellules souches.
Depuis la fin du xixe siècle on admet, sans d'ailleurs l'avoir jamais prouvé, que la différenciation...
-
TÉRATOMES ET TÉRATOCARCINOMES
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 1 087 mots
- 1 média
...c'est-à-dire chercher à établir que la différenciation cellulaire était réversible. En combinant l'action des produits de plusieurs gènes de contrôle, S. Yamanaka a réussi en 2005 à produire des cellules pluripotentes – donc dédifférenciées – à partir de cellules somatiques adultes, découverte qui...