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KOKKOS YANNIS (1944- )

Né à Athènes le 11 avril 1944, Yannis Kokkos manifeste dès sa prime jeunesse une appétence pour le domaine artistique, à travers peintures, dessins et maquettes. Après sa découverte du théâtre, il se consacre plus particulièrement à la création de décors et participe en 1955 à une exposition dans la ville d’Athènes, où il effectue une année d’études à l’École libre des beaux-arts. Grâce à une voisine retraitée de l’enseignement, il découvre la langue française et ses écrivains majeurs. Une relation qui n’est sans doute pas sans rapport avec sa décision de quitter son pays natal en 1963, pour rejoindre le Centre dramatique de l’Est à Strasbourg, qui deviendra en octobre 1968 le Théâtre national de Strasbourg. Là, trois années durant, il suit une formation en scénographie.

<em>Les Troyens</em>, opéra d'H. Berlioz, mise en scène de Yannis Kokkos - crédits : Robbie Jack/ Corbis/ Getty Images

Les Troyens, opéra d'H. Berlioz, mise en scène de Yannis Kokkos

Au cours de l’année 1967, Yannis Kokkos rejoint la région parisienne et œuvre avec plusieurs metteurs en scène, au théâtre et à l’opéra, ses créations ayant été rapidement remarquées. À l’automne 1969, la rencontre d’Antoine Vitez (1930-1990) ouvre la voie à deux décennies de collaboration (scénographie et costumes), d’ailleurs non exclusive. Avec cette personnalité marquante du théâtre français contemporain, il réalise une vingtaine de spectacles dont beaucoup sont restés dans les mémoires : Hernani et Lucrèce Borgia de Victor Hugo (1985), Électre de Sophocle (1986), Le Soulier de satin de Claudel (1987), LaCélestine de Fernando de Rojas (1989), Pelléaset Mélisande, opéra de Claude Debussy (1986), La Vie de Galilée de Bertolt Brecht (1990)… Durant cette période, Kokkos collabore également avec les metteurs en scène Pierre Debauche, Jacques Lassalle ou Alain Françon. Après le décès de Vitez, qui qualifiait son apport scénique de réalisme poétique, Yannis Kokkos, nourri par ses expériences artistiques, fait le choix de la mise en scène, tout en conservant sa pratique scénographique très appréciée, jusque dans la diversité de ses créations de costumes au théâtre, avec Iphigénie (1991) et La Thébaïde(1995) de Racine, L’Orestie d’Eschyle (2001). Progressivement, il marque une orientation qui va devenir, au fil du temps, quasi exclusive pour l’opéra, comme en témoignent ses mises en scène, dont celles de Tristan et Isolde de Richard Wagner (1993), Norma de Vincenzo Bellini (1996), Les Troyens d’Hector Berlioz (2003) dans sa version intégrale, Nabucco de Guiseppe Verdi (2008) ou Don Quichotte de Jules Massenet (2012), très bien accueillies en France et dans le reste du monde. Sans effets illustratifs superflus ou redondants, échappant aux poncifs traditionnels grâce à l’introduction d’aspects novateurs, ses créations prennent en compte la dimension et l’impact du théâtre et de l’opéra dans le contexte politique et social, en suscitant souvent une résonance contemporaine à l’adresse des spectateurs. En 2020, il publie sous le titre Scènes un très beau livre, largement illustré par ses dessins, croquis, esquisses et photos, dans lequel il évoque ses inspirations, ses esthétiques, souvenirs et réflexions, retraçant son riche parcours artistique international.

— Jean CHOLLET

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<em>Les Troyens</em>, opéra d'H. Berlioz, mise en scène de Yannis Kokkos - crédits : Robbie Jack/ Corbis/ Getty Images

Les Troyens, opéra d'H. Berlioz, mise en scène de Yannis Kokkos

Autres références

  • SCÉNOGRAPHIE

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    • 6 524 mots
    • 3 médias
    La pratique scénographique de Yannis Kokkos (né en 1944) se développe auprès de Jacques Lassalle, puis se concrétise, à partir de 1969, au côté d'Antoine Vitez dans un échange artistique fécond. Elle bannit l'image descriptive et l'énumération symbolique, dans un style dépouillé qui élimine...
  • LES TROYENS (mise en scène Y. Kokkos)

    • Écrit par
    • 1 162 mots
    • 1 média

    Fasciné dès l'enfance par L'Énéide, Berlioz entreprit la composition des cinq actes des Troyens en 1856, livret et musique, à l'instigation amicale de la princesse Carolyne von Sayn-Wittgenstein, alors qu'il doutait amèrement du présent comme de l'avenir de sa carrière. Il acheva son...