YAO WENYUAN (1931-2005)
Les renseignements qui concernent les débuts du polémiste Yao Wenyuan, l'un des membres de la bande des Quatre, sont très lacunaires. On sait seulement qu'il a été élevé dans un climat intellectuel, car son père, Yao Bengzi, était un écrivain engagé des années 1930, proche d'auteurs de renom tels Laoshe, Bajin et Maodun, et que lui-même s'est vraisemblablement inscrit au Parti communiste vers 1951. Attiré par la critique littéraire et théâtrale, Yao Wenyuan débute dans le journalisme, au Yuebao (Le Mois artistique et littéraire) de Shanghai, dont Bajin est rédacteur en chef. Dès lors, Yao Wenyuan participe activement à une série de campagnes antidroitières coïncidant avec les Cent Fleurs et, en 1957, il cloue au pilori plusieurs écrivains de renom (notamment Hu Feng, Ding Ling, Feng Xuefeng). En 1960, une nouvelle campagne contre les « écrivains révisionnistes » accusés de tiédeur créatrice (Wang Shuming, Baren) fait de Yao Wenyuan un censeur implacable et lui permet d'entrer au Quotidien Libération de Shanghai, le seul centre culturel rivalisant avec Pékin. Son influence, déjà considérable, croît soudainement en 1965 du fait des relations étroites qu'il entretient avec Mao Zedong et son épouse Jiang Qing à la veille de la grande révolution culturelle prolétarienne : du Hongqi (Drapeau rouge) au Wen hui bao, Yao Wenyuan se déchaîne contre les intellectuels de la bureaucratie du Parti communiste chinois, les accusant de se dresser contre la ligne maoïste ; il rejoint en cela les critiques formulées par Jiang Qing, leurs accusations atteignant souvent les mêmes écrivains. Peng Zhen, le maire de Pékin, défenseur de l'auteur Wu Han, auteur de la fameuse pièce La Destitution de Hai Rui, fait l'objet de violentes critiques, attaques qui préludent à l'épuration de Liu Shaoqi dont l'influence est jugée néfaste et réactionnaire.
La révolution culturelle qui l'a poussé sur le devant de la scène politique fait de Yao Wenyuan le promoteur des directives du mouvement et le critique autorisé des factions taxées de conservatisme (Tao Zhu, Zhou Yang). Promu en 1968 « responsable du bureau de Mao Zedong » et accédant à ce poste peu avant la constitution du « quartier général prolétarien » qui remplace dès lors le bureau politique et le secrétariat du parti, Yao Wenyuan organise avec zèle l'application de « la pensée de Zedong » ; il figure en huitième position dans le groupe des quatorze leaders du sommet, précédant des vétérans tels que Chen Yi ou Zhu De. Lors du Xe congrès du parti, en août 1973, il devient membre du bureau politique. Si Yao Wenyuan a réellement exercé une influence prédominante comme polémiste dans la presse shanghaïenne puis nationale, et si son rôle d'activiste maoïste est indéniable lors de la révolution culturelle – il fait partie, aux côtés de Jiang Qing, Wang Hongwen et Zhang Chunqiao, de la bande des Quatre –, il convient de noter qu'il n'a pas eu de véritable position personnelle et qu'il n'a pas assumé de responsabilités d'ordre idéologique ; il a plutôt fait figure d'organisateur zélé et de censeur du domaine littéraire et artistique. Il est emprisonné à la chute de la bande des Quatre en 1976, condamné en 1981 et effectue une peine de vingt ans de détention.
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Écrit par
- Michel HOANG : journaliste
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PENG DEHUAI [P'ENG TÖ-HOUAI] (1898-1974)
- Écrit par Michel HOANG
- 1 036 mots
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Né au Hunan, Peng Dehuai a une enfance misérable ; il exerce divers petits métiers avant de s'engager dans les armées provinciales et il est emprisonné pour avoir attenté à la vie d'un gouverneur. En 1918, il reçoit un commandement qui va l'amener à participer à l'« expédition du Nord » des républicains...